Collage de Françoise Tartinville

Cela débute par des marches très simples. Trois femmes investissent le plateau, déjà occupé par des sculptures en forme de roches. Leurs déplacements, autonomes les uns des autres, viennent créer un rythme, des suspensions, quand des reculs, des tours, proposent d’augmenter leur danse. Un lent crescendo révèle ensuite des zones d’attente, des points de rendez-vous, propices à écrire une relation entre les corps qui devient vite l’enjeu principal de la pièce. En effet, malgré quelques changements en forme de rupture dans le déroulement du spectacle, où les éléments scénographiques sont déplacés par les danseuses, l’intérêt de Collage réside avant tout dans les connexions entre les corps, plus que dans l’interaction avec les œuvres posées là.

La palpation de l’espace

Au fil de la représentation, les gestes se font beaucoup moins quotidiens. Incisifs, ils coupent l’espace, engagent la ceinture scapulaire comme moteur du mouvement, font de la colonne vertébrale une véritable liane qui se ploie et se déploie. Dès lors, on ne peut s’empêcher d’imaginer l’onde vibratoire qui s’installe entre les corps. Un très beau dialogue se construit, l’énergie circule de l’une à l’autre, l’inter-espace devient palpable, bien plus que la présence, réelle et physique, des sculptures. Françoise Tartinville livre ici une pièce plus abstraite que ses précédentes recherches, mais où le corps reste la matière première qui nous tient en haleine.

Nathalie Yokel