Théâtre - Critique

Paradis, impressions

Paradis, impressions - Critique sortie Théâtre Paris Théâtre Paris-Villette


Théâtre Paris-Villette / mes Christophe Giordano

Du clown on a souvent l’image d’Epinal du bouffon de cirque. Côté théâtre, le genre navigue pourtant depuis longtemps loin de ces clichés. Souvent, les acteurs cherchent leur clown intérieur, et des grands noms comme Lecoq ou Mnouchkine ont beaucoup fait pour l’image de ce souvent triste sire au nez rouge. Pour autant, les spectacles de clown – l’expression, c’est un signe, n’est pas consacrée – ont du mal à se faire une place sur les scènes de théâtre. Bonne nouvelle, donc, que ce Paradis, impressions programmé par le Théâtre Paris-Villette où Lucie Valon se produit, sous la direction de Christophe Giordano. Ils ont été tous deux formés dans les plus grandes écoles de théâtre puis se sont tournés vers l’art du clown. Dès 2006, ils ont créé Le Rouge, premier volet d’une trilogie inspirée par La divine Comédie de Dante, puis Blank en 2008, et enfin Paradis, impressions, dernier épisode créé en 2012 qu’on pourra donc (re)découvrir dès la fin septembre.

D’Eve en Lillith

Ne vous attendez pas  à une version revisitée du chef-d’œuvre fleuve du poète italien : pas de Beatrice ni de visions dantesques. Et peu de mots : place au gestuel, au corps, aux climats, aux impressions, et à la perméabilité du clown aux réactions du public. La trame est simple. Une femme tente d’entrer au Paradis, se succèdent alors des tableaux au gré des métamorphoses du personnage, d’Eve en Lillith, de Pandore en représentation publicitaire de femme standardisée. On le sait, la femme et le Paradis ont toujours eu des relations compliquées et ce spectacle rappelle combien la représentation de l’Éden est masculine, que ce soit sous ses formes chrétiennes ou dans ses avatars consuméristes. Dans une atmosphère et une lumière sombres, le spectacle progresse donc par touches successives, pas toujours faciles à cerner, pas toujours innovantes dans leur propos. L’atmosphère est fantastique, à la Lynch, avec quelque chose de surréaliste. On flotte un peu, comme si ce Paradis était assis sur un nuage, les choses se jouant dans l’infime, l’à peine perceptible parfois. Le spectateur peut avoir du mal à maintenir son intérêt par moments, mais le fil de la relation du public avec le clown est traditionnellement fragile, et change d’une représentation à l’autre. A mi-chemin entre théâtre et clown, Paradis développe son esthétique, trace un chemin bien à lui, qui peine toutefois à nous emporter.

Eric Demey

 

A propos de l'événement


Paradis, impressions
du mercredi 30 septembre 2015 au samedi 10 octobre 2015
Théâtre Paris-Villette
211 Avenue Jean Jaurès, 75019 Paris, France

à 20h, vendredi à 19h, dimanche à 16h, relâche le lundi. Tel    : 01 40 03 72 23. Durée    : 1h 20.


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