C’est la première fois que vous collaborez avec le collectif Ildi ! eldi, dirigé par Sophie Cattani et Antoine Oppenheim. En quoi le projet vous a-t-il intéressé ?
Jérôme Game : Je connaissais leur travail, qui m’avait retenu par sa façon de faire entendre une langue sur scène, de toujours scénographier une écriture en même temps qu’une histoire et les enjeux qu’elle porte. Le thème des monologues de Viripaev – l’ovni comme miroir d’une époque, de ses doutes existentiels – m’a aussi beaucoup attiré. Il a ceci d’efficace qu’il est très large, et peut donc se ramifier, s’explorer via des détails relevés dans toutes sortes de formes de vies contemporaines.
Vous vous qualifiez de « chef opérateur » du projet. Que signifie concrètement ce terme emprunté au lexique du cinéma ?
J.G. : Sur un plateau de tournage, le chef op’ est la personne responsable de la lumière et de la prise de vue. C’est lui qui, littéralement, caméra en main, filme. Les monologues de Viripaev se présentant comme la bande-son des rushs d’un documentaire à venir, tout notre projet avec Ildi ! eldi a consisté à faire voir ce film (ou ses possibles montages) avec les moyens du théâtre. C’est-à-dire des corps parlant sur une scène, avec musique mais sans vidéo.
« J’aime à interroger la plasticité des images en les traduisant en mots. »
Dans un livre avec CD audio intitulé Flip-book, vous avez déjà travaillé sur le rapport entre cinéma et poésie. Quel sens cela a-t-il pour vous de substituer des mots aux images ?
J.G. : Dans mon travail poétique, j’aime en effet à interroger la plasticité des images en les traduisant en mots, et souligner ainsi leur portée critique, voire politique. Avec Ovni(s), j’avais aussi envie de raconter des mini-histoires très abstraites et très concrètes à la fois, en rapportant directement l’image des personnages (de leur corps comme de leur position sociale) à celle de leur contexte quotidien le plus prosaïque.
Votre travail d’écriture a entre autres consisté à mettre en avant les contextes sociopolitiques des différents locuteurs de la pièce. Quels sont ces contextes, et que disent-ils pour vous de notre monde ?
J.G. : Ils sont divers, et c’est un des intérêts de la pièce. Mais c’est surtout ce que ces gens font dans les marges de leur identité sociale – du yoga, de la promenade en forêt… – qui fait sentir un urgent besoin de ponctuer, d’équilibrer une agitation physique, perceptive, cognitive, de plus en plus opaque à laquelle l’appartenance au monde collectif nous soumet. Les ovnis, c’est comme le contrepoint absolu – et en même temps universellement reconnaissable – de ce monde-là. Quelque chose qui nous permet d’appuyer sur « Pause » trente secondes, et de souffler. Pour quel futur concret exactement ? Ça reste à voir…
Propos recueillis par Anaïs Heluin
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