Oumou Sangaré, la grande diva du Mali

Au printemps 2022, la grande dame du Mali évoquait dans ces mêmes colonnes le choix du titre de son dernier album, Timbuktu. « Cette ville est l’un des symboles de notre pays, de son intégrité. Tombouctou est une ville sacrée, pleine de livres très anciens et de mausolées qui ont été saccagés. Une catastrophe pour tout Malien ! » Quiconque a croisé sur sa route celle qu’on désigne d’un unique Oumou sait combien cette superbe madone ne manque jamais de prévenir les jeunes de la tentation de l’immigration, un mirage plus qu’un miracle, tout comme elle dénonce le sort réservé à trop de femmes encore au sud du Sahel, notamment le fléau des mariages forcés.

Le son du Wassoulou

Si elle triomphe sur les scènes du monde entier, pas question pour cette musicienne jusqu’au bout de ses longs ongles de céder aux sirènes d’une world de prisunic : elle demeure arrimée à son répertoire originel, ancré dans la terre où se trouvent ses racines, le Wassoulou. « C’est le socle, le centre, le cœur de ma musique, une culture très riche qui mélange harmonieusement trois traditions : peulh, malinké et bambara. C’est cela que je porte, comme l’ont fait mes aînés avant moi », confiait-elle dans la même interview. Vous voilà donc prévenus avant qu’elle ne grimpe sur scène, cet espace où elle est capable tout à la fois d’affoler les pieds et de faire vriller les neurones. Un modèle.

Jacques Denis