Avignon - Gros Plan

Oui, l’Afrique danse !

Oui, l’Afrique danse ! - Critique sortie Avignon / 2017 Avignon Festival d’Avignon. Salle Benoît XII


Salle Benoît XII / Focus Afrique

La 10ème édition de Danse l’Afrique danse ! à Ouagadougou à l’automne dernier a été l’occasion pour l’Institut Français, co-organisateur de la manifestation à travers son programme Afriques en création, de faire valoir la notion de mémoire alors même qu’un renouvellement de génération est en train de s’opérer. C’est ainsi qu’est née l’idée de retrouver sur scène des pièces emblématiques qui ont secoué les corps et les esprits, confirmant qu’un nouvel élan était en marche sur le continent Africain. En 1997, les burkinabés Salia Sanou et Seydou Boro signaient un trio saisissant qui imposa leurs deux noms sur la scène internationale. Figninto – l’œil troué poussaient les corps dans un aveuglement manifeste, pour mieux dire l’insensibilité à la vie à laquelle nous contraignent nos existences. Que devient la relation à l’autre lorsque l’on n’a plus le temps de se regarder ? Au-delà de la simple métaphore (figninto signifie « celui qui ne voit pas » en langue bambara), les chorégraphes montraient l’impuissance de l’homme prisonnier de son environnement, à travers notamment un travail au sol tout à fait poignant. Balayant toutes les représentations encore à l’œuvre sur le corps exultant et bondissant de la danse africaine, ils marquèrent une étape dans l’affirmation d’une parole singulière et engagée par l’expression du corps.

Des propositions qui n’ont pas froid aux yeux

Vingt ans après, que nous dit la recréation de la pièce ? Elle nous dit en filigrane l’implication des deux hommes, dédiés à la création et au développement de leur art, notamment à Ouagadougou. A la tête de La Termitière, le centre de formation qu’ils portent à bout de bras, ils sont devenus aujourd’hui des passeurs incontournables, et ce projet en témoigne. Les trois jeunes interprètes choisis pour prendre le relais dans la pièce en sont directement issus, et c’est un pont entre les générations auquel on assiste, alors même que le propos de la pièce reste d’une cuisante actualité. Deux ans plus tard, c’était au tour de l’Ivoirienne Béatrice Kombe de faire sensation. Disparue prématurément, son œuvre et sa pièce Sans repères demeuraient orphelins. Son travail, qui s’appuyait exclusivement sur des corps féminins, avait la force d’un coup de poing. Nadia Beugré, son ancienne collaboratrice, a repris pour l’occasion le flambeau pour remonter la pièce et faire resurgir la puissance féminine qui avait sidéré le public d’alors. Depuis, la question de la femme n’en finit pas de revenir parmi les interrogations les plus vives des chorégraphes africains (Cf Unwanted de Dorothée Munyaneza à La Chartreuse de Villeneuve lez Avignon). Sans repères a sans doute ouvert la voie et la parole. En 2002, C’est Kettly Noël, chorégraphe haïtienne basée au Mali, qui proposait Tichelbé : un duo homme / femme d’une grande violence, sans concession, affiché d’emblée par son titre, qui signifie « macho ».

 

Nathalie Yokel

A propos de l'événement


Oui, l’Afrique danse !
du dimanche 9 juillet 2017 au samedi 15 juillet 2017
Festival d’Avignon. Salle Benoît XII
12 Rue des Teinturiers, 84000 Avignon, France

à 15h, relâche le 12. Tél. : 04 90 14 14 14.


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