Théâtre - Gros Plan

Opium

Opium - Critique sortie Théâtre


Devant des paravents disposés sur fond noir, se dresse une table recouverte d’une immense lampe. Cette table figure la chambre de Thomas de Quincey, dont les Confessions d’un mangeur d’opium anglais inspirèrent Baudelaire dans son étude des plaisirs et des noirceurs de l’opium, drogue formidable dont les « chercheurs de paradis » font leur enfer. Le comédien Redjep Mitrovitsa porte la voix du poète pendant qu’Ezéquiel Garcia-Romeu, maître marionnettiste, officie invisiblement pour créer des tableaux oniriques. Un lit apparaît, une table disparaît, un samovar se met à bouillir. Des brumes épaisses recouvrent la table et les objets se mettent à flotter. « La présence marionnettique permet des appuis, rendant l’histoire parfaitement intelligible et poétique. Une marionnette est une sorte de chose qui semble à l’affut, comme un enfant ou comme un chat : son existence est extrêmement forte et Ezéquiel donne aux siennes une vie propre qui excède tout ce qu’on peut attendre ! », dit Redjep Mitrovitsa à propos de ce spectacle.
 
La phrase de Baudelaire fait événement et décor
 
Loin de faire l’éloge de la drogue, Baudelaire en décrit les affres. « Il dit ce qu’il y a de plus tentateur, joyeux, excentrique dans cette expérience mais on suit celui qui s’y livre pour mieux comprendre que c’est une abdication de la vie, de la liberté et de la création. Celui qui est en prise avec l’opium ne peut plus réfléchir ni produire. Passer ce pacte faustien avec l’opium, c’est se priver de jouir du labeur de la création : à vouloir brûler les étapes, on brûle son âme. L’opium galvanise des choses qui refont surface avec une telle force indomptable et affreuse que c’en est cauchemardesque : c’est une atteinte à ce que Baudelaire considérait comme la valeur la plus essentielle de l’existence humaine, la volonté. » dit Redjep Mitrovitsa. Forts de leurs talents conjugués, le comédien et le manipulateur explorent les capacités de la scène, transforment la poésie en événement merveilleux, faisant du théâtre un creuset magique dont la force psychotrope promet, quant à elle, une jouissance totale et sans danger !
 
Catherine Robert

Opium, librement inspiré des Paradis artificiels, de Charles Baudelaire, adaptation de Marion Bottolier et Ezéquiel Garcia-Romeu ; mise en scène d’Ezéquiel Garcia-Romeu ; avec Redjep Mitrovitsa et Ezéquiel Garcia-Romeu. Du 23 septembre au 29 octobre 2010. Mardi et jeudi à 19h30 ; mercredi, vendredi et samedi à 20h30 ; dimanche à 16h et le 2 octobre, exceptionnellement, à 21h. Théâtre de la Commune, 2, rue Edouard-Poisson, 93300 Aubervilliers. Réservations au 01 48 33 16 16.

A propos de l'événement




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