Théâtre - Critique

On purge bébé de Georges Feydeau, mise en scène d’Emeline Bayart

On purge bébé de Georges Feydeau, mise en scène d’Emeline Bayart - Critique sortie Théâtre Paris THEATRE DE L'ATELIER


de Georges Feydeau / mes Emeline Bayart

Faire de l’argent avec la merde ; profiter au maximum des guerres à venir en demeurant planqué dans les ministères ; se croire lettré en citant du latin quand on n’a pas d’orthographe ; supporter difficilement d’avoir une bonne quand on est l’épouse d’un porcelainier parvenu… Il faut admettre que si le bourgeois, en 1910 (année de la création d’On purge bébé) ou encore aujourd’hui, rit aux déboires conjugaux des Follavoine, c’est qu’il a un très solide humour et une grande capacité d’autodérision ! Tous les personnages en prennent en effet pour leur grade dans ce vaudeville terriblement cruel. Les hommes sont idiots ou cocus (ou les deux !), lâches, veules et cupides. Les femmes (bonne ou patronne) sont des écervelées criardes, tyranniques et de mauvaise foi. On ne s’étonne pas que Toto rêve de partir en Belgique si on continue de pourvoir le barda de l’armée française avec un zèle aussi stupide. On comprend aussi qu’il résiste à des parents aussi cinglés ! Le plus sage dans l’affaire est sans doute cet enfant qui se mutine contre ceux qui s’obstinent à vouloir le faire chier…

Châtier les mœurs en riant

La mise en scène d’Emeline Bayart (qui excelle en Julie Follavoine) est d’une gaité pétillante et dynamique et les comédiens (tous très bons) s’en donnent à cœur joie, parvenant à laisser deviner sous le masque de la farce le visage déformé de la vilénie et de la vénalité. On se plaît toujours à trouver autre chose que Feydeau sous Feydeau, comme si l’actualiser lui donnait de la profondeur : cette mise en scène se passe de ce genre de simagrées et livre l’auteur dans son jus. Un décor bourgeois du début du XXème siècle, des costumes d’époque, un traitement réaliste : tout apparaît cependant de la pérennité de la critique sociale et on comprend bien vite que ce n’est pas la redingote qui fait le salaud et que les agioteurs et affairistes d’aujourd’hui n’ont rien à envier à leurs ancêtres… Autre belle idée : ressusciter l’usage des couplets chantés du vaudeville, que les comédiens interprètent avec talent, offrant des pauses spirituelles dans ce maelström décapant. On rit beaucoup à cette comédie noire : peut-être faudrait-il en pleurer…

Catherine Robert

A propos de l'événement


On purge bébé de Georges Feydeau, mise en scène d’Emeline Bayart
du mardi 13 octobre 2020 au dimanche 29 novembre 2020
THEATRE DE L'ATELIER
1, place Charles-Dullin, 75018 Paris

Tél. : 01 46 06 49 24.


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