Théâtre - Gros Plan

Olivier Cruveiller adapte et met en scène Nagasaki d’Eric Faye

Olivier Cruveiller adapte et met en scène Nagasaki d’Eric Faye - Critique sortie Théâtre Paris Théâtre de l'Epée de bois


Théâtre de l’Epée de Bois / d’après le roman d’Eric Faye / adaptation et mise en scène d’Olivier Cruveiller / musique de Laurent Valero

Monsieur Shimura sait précisément ce qu’il mange et ce qu’il boit ; sa méticulosité et son sens aigu de l’organisation le mettent à l’abri de toutes les surprises de la démesure. Jusqu’au jour où il s’aperçoit que la nourriture disparaît de son réfrigérateur en son absence. Il installe alors discrètement une webcam dans sa cuisine et s’aperçoit qu’une femme y boit le thé quand il est au travail. Il appelle la police ; l’intruse est arrêtée et jugée. Le coucou s’était fait un nid douillet dans le placard à futons depuis plus d’un an, et grignotait les provisions de Monsieur Shimura à son insu. Devenue sans abri, elle s’était réfugiée dans la maison de son enfance, désormais occupée par un autre. La présence de ce fantôme discret est semblable aux ombres des victimes de la bombe lancée par les Américains en 1945, dit Olivier Cruveiller, qui adapte le récit à la scène : « l’image furtive et dramatique d’une vie ».

Beauté évanescente des regrets

« Les protagonistes de Nagasaki traversent leurs vies modestes sans aspérité et ne laisseront aucune empreinte derrière eux (…) mais cette absence, ce vide, ce rien, finalement, emplit l’espace de rencontres ratées, de drames de l’existence, de virages mal négociés, de regards donnés au mauvais moment, de phrases ou de gestes maladroits. », ajoute le metteur en scène, qui construit, autour de ce vide, le récit d’un rendez-vous manqué. Les trois comédiens (Nina Cruveiller, Natalie Akoun et Olivier Cruveiller), accompagnés au violon et au bandonéon par Laurent Valero, dessinent avec délicatesse et élégance les contours de ce monde flottant, organisé, comme dans les estampes d’Hokusai, autour du vide métaphysique qui aspire les choses et les êtres, révélant à la fois leur plénitude, leur beauté mais aussi leur vanité et leur infinie fragilité.
 
Catherine Robert

A propos de l'événement


Nagasaki
du jeudi 5 janvier 2023 au dimanche 15 janvier 2023
Théâtre de l'Epée de bois
La Cartoucherie, route du Champ de Manœuvre, 75012 Paris

Du jeudi au samedi à 21h ; samedi et dimanche à 16h30. Tél. : 01 48 08 39 74.


A lire aussi sur La Terrasse

  • Théâtre - Critique

Le « Richard III » de Thomas Ostermeier, magistral. Reprise aux Gémeaux à Sceaux

La mise en scène de Richard III (2015) signée [...]

Du jeudi 12 janvier 2023 au 22 janvier 2023
  • Danse - Critique

Avec « Héraclès sur la tête » Anne Nguyen poursuit sa quête de transmission

Anne Nguyen poursuit sa quête de transmission [...]

Du jeudi 26 janvier 2023 au 27 janvier 2023
  • Théâtre - Entretien

Frédéric Leidgens crée Un d’après Bernard Noël

Frédéric Leidgens met en scène Le Roman d’un [...]

Du jeudi 5 janvier 2023 au 15 janvier 2023