Mirabelle Rousseau reprend sa mise en scène de SCUM Rodeo de Valérie Solanas

« Les manifestes m’intéressent pour le rapport très particulier, très direct, qu’ils permettent de créer entre un acteur et des spectateurs. J’ai ainsi monté un manifeste dada de Kurt Schwitters, une conférence de l’écrivain Philip K. Dick, où il cherche à prouver l’existence de mondes parallèles, ou encore La Composition comme explication de Gertrud Stein. Lorsque la SACD m’a offert un « Sujet à vif » dans le cadre du Festival d’Avignon en 2013, il m’a semblé évident de poursuivre dans cette veine avec le manifeste SCUM de Valérie Solanas. Publiée à compte d’auteure en 1967, et vendue par Valérie Solanas elle-même dans les rues de Manhattan, cette satire féministe m’a fait penser à la comédienne Sarah Chaumette que j’avais vue jouer seule en scène des textes de Pasolini. Après une version courte pour Avignon, nous avons créé une version longue de notre SCUM Rodeo, que nous sommes heureuses de pouvoir reprendre huit ans après.

Une poésie du dissensus

Il y a huit ans, la figure de Valérie Solanas et son œuvre étaient connues dans les milieux militants, mais elles l’étaient peu au-delà. Le mouvement # Metoo a fait d’elles des références, ce qui a contribué à notre envie de reprendre ce spectacle, comme peuvent être reprises toutes les pièces du répertoire de la compagnie. Dans SCUM Rodeo, Sarah Chaumette est en quelque sorte une passeuse de ce texte, retraduit pour l’occasion avec Blandine Pélissier, qui provoque le dissensus au sein du public. Elle en porte la première partie, réquisitoire contre les hommes, avec une certaine distance. Dans la deuxième partie, où est développé le projet S.C.U.M (Société pour tailler les hommes en pièce), elle est plus proche du stand-up. Le mélange des genres, chez Valérie Solanas, participe d’une poétique puissante ».

Propos recueillis par Anaïs Heluin