Théâtre - Entretien Mathieu Bauer

Feuilleton théâtral

Feuilleton théâtral - Critique sortie Théâtre Montreuil Nouveau Théâtre de Montreuil


 « Cet objet fait naître un rapport au public différent. »

 

Pourquoi avoir choisi cette forme particulière qui est celle du feuilleton ?

Mathieu Bauer : Pour de bonnes raisons : d’abord parce que les feuilletons télévisés, qui fascinent de nombreux téléspectateurs, nous donne des nouvelles de notre monde et sont le vrai lieu d’une réflexion sur notre temps. Pour d’autres raisons – les mauvaises peut-être ! – : parce que ces séries ont un côté populaire qui répond au consumérisme de l’époque, puisqu’il faut toujours y revenir et qu’on attend la suite de façon addictive. Mais surtout, cet objet fait naître un rapport au public différent. La façon de s’emparer du spectacle est forcément différente quand l’objet n’est pas fini. Pour moi, c’est aussi lié au fait d’être devenu directeur d’un théâtre, et pas seulement parce que c’est un projet fédérateur pour la population et l’équipe artistique. C’est moi qui assure la mise en scène des trois premiers rendez-vous, mais j’aimerais aussi partager cet objet avec d’autres metteurs en scène qui en respecteraient la charte mais y imposeraient leur marque, exactement comme le font les producteurs des séries américaines. A l’échelle d’un CDN, il s’agirait d’inviter artistes et compagnies pour participer à cette belle équation de plein de choses.

 

Comment le projet est-il né ?

M. B. : J’ai travaillé avec une vraie scénariste qui a l’habitude des codes de narration propres au feuilleton, Sylvie Coquart-Morel, pour mettre en place un scénario avec cliffhanger, rebondissements, personnages qui évoluent. Le texte a été écrit par Sophie Maurer, sociologue de formation, mais avant tout auteur, qui est allée à la rencontre des gens de Montreuil, parce que je voulais que ce projet s’inscrive dans le contexte de cette ville. Très vite, l’idée de produire une cartographie de la ville est apparue évidente ; et cela nous a amenés à l’idée de travailler autour du thème du logement. Tous les types d’habitat existent à Montreuil, la diversité et la cohabitation y sont incroyables. Avec humour et distance, on n’est donc pas déconnecté d’une certaine réalité même si la question du réalisme au plateau est compliquée…

 

Que se passe-t-il au plateau ?

M. B. : L’histoire est un huis clos. Le théâtre ne permet pas la multiplicité des décors comme dans les séries ! Cinq personnages sont coincés dans la buanderie d’une maison de retraite sur laquelle s’est écroulé un immeuble en pleine construction : un vieux critique de cinéma, pensionnaire de la maison de retraite, son fils, une jeune femme flic, une doctoresse et un jeune qui deale tout dans la maison de retraite, du chocolat au viagra. Ils discutent, polémiquent, s’engueulent et se réconcilient. L’intrigue avance au fil de l’enquête liée à l’effondrement. La première saison compte huit épisodes d’une demi-heure, joués en trois fois, en septembre, en décembre et en mai. A chaque reprise, il y aura des résumés, et puis des coupures de pub, du pop corn, des bonus ! En tournée, on jouera les huit épisodes. La version de Montreuil citera cette ville, mais comme les thématiques sont universelles, en tournée, on l’adaptera pour que ça parle à tous !

 

Pourquoi ajouter un chœur d’amateurs ?

M. B. : Pour constituer un chœur de citoyens qui, dans l’intrigue, vient apporter son soutien aux rescapés. Ils sont là pour rappeler la ville, pour mettre de la distance, pour occuper le terrain. Ils chantent, constituent des irruptions, des passages, des moments d’écoutes. Ils ne jouent pas à proprement parler, et il ne s’agit pas pour moi de donner ainsi des cours de théâtre. Je ne suis ni pédagogue ni animateur ; mais construire ou se construire à partir de gestes ou d’hésitations sur un plateau, j’adore ça. Il s’agit d’inviter les gens à prendre part à un objet artistique, en essayant de dépasser l’opposition entre le socioculturel et la création.

 

Propos recueillis par Catherine Robert

A propos de l'événement


Une Faille
du lundi 24 septembre 2012 au dimanche 14 octobre 2012
Nouveau Théâtre de Montreuil
10, place Jean-Jaurès, 93100 Montreuil
Saison 1 : Haut, bas, fragile. Episodes 1 à 4, Pris au piège, du 24 septembre au 14 octobre 2012. Lundi, vendredi et samedi à 20h30 ; mardi et jeudi à 19h30 ; dimanche à 17h (sauf le 30 septembre et le 7 octobre). Suite du feuilleton : épisodes 5 et 6, Suspendus, du 3 au 20 décembre ; épisodes 7 et 8, Reconstruire, du 14 mai au 8 juin. Tél. : 01 48 70 48 90.

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