Avignon - Entretien

« Marguerite : le Feu », Emilie Monnet réveille un pan oublié de l’histoire du Québec

« Marguerite : le Feu », Emilie Monnet réveille un pan oublié de l’histoire du Québec - Critique sortie Avignon / 2023 Avignon Festival d’Avignon. Théâtre Benoît XII


Théâtre Benoît-XII / Texte d’Emilie Monnet / Mise en scène d’Emilie Monnet et Angélique Willkie

Comment cette pièce performance a-t-elle vu le jour ?

Emilie Monnet : Quand j’ai fortuitement découvert l’existence de Marguerite Duplessis, j’ai été bouleversée. Jeune femme autochtone d’une vingtaine d’années, mise en esclavage, elle entame en 1740 un procès pour revendiquer sa liberté après avoir refusé de monter sur le bateau marchand qui devait la conduire de « Nouvelle France » en Martinique. Elle est la première personne autochtone mise en esclavage à intenter des démarches judiciaires au sein d’un système colonial pour faire reconnaître son droit à la liberté. Tombée dans les oubliettes de ce pan de l’histoire québécoise qui s’étale, quand même, sur près de deux cents ans, elle est une grande figure de l’activisme et de la résistance. C’est le feu de Marguerite qui a inspiré ce spectacle. C’est le même feu qui brûle chez toutes les « Marguerite », celles d’hier et d’aujourd’hui, qui luttent pour faire reconnaître la justice.

« C’est le même feu qui brûle chez toutes les « Marguerite », celles d’hier et d’aujourd’hui, qui luttent pour faire reconnaître la justice. »

Quelle a été votre volonté en tant que metteuse en scène ?

E.-M : Avant que je ne pense à une forme théâtrale, nous avons réalisé une série de podcasts, car je savais qu’une démarche documentaire était nécessaire. J’ai rencontré des juges, des historiens, des activistes, des survivantes du trafic sexuel, qui ont nourri ma réflexion. Au fur et à mesure, ma recherche s’est transformée. Et la question de comment faire exister une Marguerite chorale qui se décline sur différentes époques et qui incarne une pluralité de femmes forcées s’est posée. Je désirais faire se rencontrer toutes ces Marguerite pour en ressentir l’histoire commune. Ce feu existe dans la communion de cette parole, dans la catharsis qui émane du plateau. Des « Marguerite », il y en a partout. Anna Beaupré Moulounda, Catherine Dagenais Savard et Tatiana Zinga Botao, font, à mes côtés sur scène, résonner leurs voix.

Propos recueillis par Marie-Emmanuelle Dulous de Méritens

A propos de l'événement


Marguerite : le Feu
du vendredi 7 juillet 2023 au mardi 11 juillet 2023
Festival d’Avignon. Théâtre Benoît XII
12, rue des Teinturiers, 84 000 Avignon

à 19h. Tél : 04 90 14 14 14. Spectacle en français surtitré en anglais. Durée : 1h.


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