« Roda Favela », un spectacle vibrant de vie et d’espoir emmené par douze artistes brésiliens et signé Laurent Poncelet
Porté par douze artistes brésiliens des [...]
Le tout jeune metteur en scène d’origine gréco-albanaise Mario Banushi éblouit avec cette première création française. Habité par les puissantes relations qu’il a entretenues avec sa mère et sa grand-mère, ce spectacle performance de nature épiphanique, d’une grande beauté, expose ce qui nous relie à la vie et à nos racines. Inoubliable.
La performance se passe de mots. Littéralement. C’est sa signature. Mario Banushi, qui est aussi dessinateur, a choisi de narrer, au théâtre, les choses autrement. « J’aime l’intimité, qu’on puisse sentir et toucher les choses dans mes spectacles. Même s’ils ne partent pas d’un texte, ils racontent quelque chose » déclare-t-il. Mêlant réalisme et onirisme, Mami donne une très haute idée de la singularité de sa grammaire dramatique. Au cœur de ce poème théâtral, éminemment visuel et plastique, il y a son vécu, avec ces femmes qui l’ont élevé, sa mère, sage-femme, sa grand-mère, ses tantes. Mais l’élément autobiographique qui sous-tend le propos est excédé de toutes parts : ces femmes, sur le plateau, sont les figures sensibles de notre mystérieux rapport à la vie, de ce qui nous unit à la vie elle-même, à la racine. Et elles sont là, présentes, dans tous leurs états, attrapées dans leur complexité et leur vulnérabilité : jeune, vieillissante, parturiente, nourricière, douce, en colère, éplorée, amoureuse…
Une formidable puissance émotionnelle
Ce feuilletonnage dramatique déroule comme un film, au ralenti, de sublimes plans séquences ménageant des arrêts sur image portés par une intensité d’interprétation rarement égalée. L’un des premiers tableaux vivants, celui d’un accouchement, est emblématique. Dans ce décor puissamment évocateur du fin fond de la campagne albanaise, où le metteur en scène a grandi, « elle » met au monde. On entendra le premier cri, celui de la délivrance. Nous y sommes. Une bande son sensationnelle faite pour libérer l’imaginaire, doper et colorer les ressentis, fait également écho à la source géographique de l’inspiration de la pièce. Cet infra-texte musical fait absolument corps avec la puissance galvanisante d’une mise en scène qui ambitionne d’ouvrir le livre même de la vie, celui du mystère de son apparition et de sa disparition. Mario Banushi veut déplier la réalité en ouvrant cet espace, cet entre-deux dans lequel nous nous tenons, pour mieux faire surgir la vérité du moment choisi, saisi dans sa spontanéité. Aussi, tout, dans ce spectacle, n’est-il que de nature oxymorique. Alliant sans cesse deux émotions contradictoires, sa profonde complexité n’a d’égale que sa limpidité. Des interprètes, le plus souvent dans leur plus simple appareil, servent ces tableaux épiphaniques. Un dévoilement des corps qui répond au dévoilement de cette vérité dont le spectacle est en quête. Et cette quête devient notre quête. Mami nous expose et nous délivre, nous étreint et nous sublime dans un même mouvement. Une ovation debout a salué cette bouleversante première.
Marie-Emmanuelle Dulous de Méritens
à 18h30. Tél : 04 90 14 14 14. Durée : 1h10.
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