Théâtre - Critique

L’Opéra du dragon

L’Opéra du dragon - Critique sortie Théâtre


Depuis la fondation de la compagnie Théâtre de Romette, en 2000, Johanny Bert (qui vient de prendre la direction du Centre dramatique national de Montluçon) crée des spectacles confrontant textes classiques ou contemporains, comédiens et formes marionnettiques. « L’utilisation de la marionnette est, pour moi, une nouvelle façon de parler du rapport au corps, explique le metteur en scène. Portée, soutenue par l’acteur, c’est une sorte de prothèse à laquelle [il] donne souffle, corps, voix, mouvement. » Manipulées par Pierre-Yves Bernard, Johanny Bert (en alternance avec Maxime Dubreuil) et Christophe Noël, mises en voix par Maïa Le Fourn (qui interprète, derrière un micro sur pied, la quasi totalité des personnages), ce sont des têtes dépassant de bâtons de bois qui donnent vie, dans la nouvelle création de la compagnie auvergnate, à L’Opéra du dragon de Heiner Müller. Des têtes parées de simples morceaux de tissus qui confèrent des accents très touchants à ce texte inspiré du Dragon d’Evgueni Schwartz (pièce elle-même adaptée d’un conte d’Andersen).

Une fable dense et épurée signée Heiner Müller

Il est ici question d’un autocrate sanguinaire, d’une population sous surveillance qui, chaque année, sacrifie l’une des leurs, obéissant ainsi à la volonté du « Seigneur dragon » qui l’espionne et l’asservit. Il est question d’un jeune homme de passage qui, par amour et par esprit révolutionnaire, décide de s’élever contre l’oppression de cette dictature se faisant passer pour une démocratie. Servi par une mise en scène pleine de sensibilité et de poésie, L’Opéra du dragon nous transporte au cœur d’une fable contemporaine épurée. Une fable écrite par Heiner Müller en 1968 qui, au-delà de ses divers aspects humoristiques, fait résonner de façon particulièrement vigoureuse la question de la résistance politique, de l’engagement individuel venant s’opposer au renoncement collectif. Ces questions nous parviennent, bien sûr, à travers la densité de l’écriture du dramaturge allemand. Mais également à travers les regards d’une profondeur mystérieuse que révèlent les êtres marionnettiques créés, pour le Théâtre de Romette, par la plasticienne Judith Dubois.  

Manuel Piolat Soleymat 


L’Opéra du dragon, de Heiner Müller (texte français de Renate et Maurice Taszman, publié aux Editions Théâtrales) ; mise en scène de Johanny Bert / Théâtre de Romette ; création et interprétation musicale de Thomas Quinart. Du 6 au 19 février 2012. Les lundis, jeudis et vendredis à 20h, les samedis à 18h30, les dimanches à 16h30. Théâtre Gérard-Philipe, 59, boulevard Jules Guesde, 93207 Saint-Denis. Tél : 01 48 13 70 00. Spectacle vu au Carré, Scène nationale de Château-Gontier. Durée de la représentation : 1h10. En tournée le 28 février 2012 au Théâtre de Seyssinet-Pariset, le 24 avril à la Scène conventionnée de Bourg-en-Bresse, le 10 mai à l’Espace Jean-Vilar d’Ifs, le 18 mai au Théâtre de Figeac, le 23 mai à la Maison des arts de Thonon/Evian.

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