La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Avignon / 2013 - Entretien Anne Tismer

L’histrionisme contemporain : études de cas

L’histrionisme contemporain : études de cas - Critique sortie Avignon / 2013 Avignon Chapelle des pénitents blancs
© Lidia Tirri Un grand objet tricoté, « monstre » destiné à recevoir tout ce qui fait peur à l’histrion.

Non-Tutta (Pas toute)/ Chapelle des Pénitents blancs
Texte d’Anne Tismer/ mes Silvia Albarella

Publié le 26 juin 2013 - N° 211

 Anne Tismer partage sa vie entre l’Europe et le Togo. Plasticienne et performeuse, elle a écrit à la demande de Silvia Albarella un texte sur l’histrionisme, comportement qui consiste à transformer tout impondérable en catastrophe. 

« L’histrionisme est un phénomène qu’on trouve bien plus en Europe qu’en Afrique. Je l’ai constaté pour moi-même, mais aussi pour ceux qui m’entourent. Par exemple, si un bus est en retard de cinq minutes, l’événement peut se transformer en catastrophe pour l’histrion parce qu’il va devoir prendre le train suivant, être en retard au travail, risquer de se faire licencier etc… Et le plus remarquable chez l’histrion est qu’il doit faire part de son angoisse à quelqu’un. Pour s’assurer qu’il existe, il est plus important pour lui d’attirer l’attention des gens autour de ses « problèmes », plutôt que de les résoudre. Le monde occidental offre ainsi une multiplicité d’occasions d’histrioniser. Les outils technologiques notamment créent une accélération du traitement des informations qui fait que le cerveau ne suit plus. Le corps humain est toujours en retard. Mais plus qu’une maladie, l’histrionisme est un caractère. Et le fait d’histrioniser est une réponse à la vitesse, comme un enfant qui, dans une pièce où il y a beaucoup de bruit, ne trouve comme seule défense que de crier plus fort encore. Au final, avec l’histrionisme, on se rapproche de ce que Freud avait défini comme l’hystérie, sauf que ce phénomène de soumission au réel et à ses pressions touche aujourd’hui tout le monde.

La vie de l’histrion est horrible mais drôle à voir

Silvia Albarella est à l’origine de ce projet et m’a demandé d’écrire sur le sujet car elle se pensait histrionique. Je ne voyais pas pourquoi. Puis j’ai lu beaucoup de livres de psychologie et je me suis aperçue que moi-même je l’étais. Au Togo, je suis généralement plus calme mais je m’énerve parfois parce que je trouve que les autres travaillent trop lentement. Mes amis m’ont expliqué que plus je suis histrionique, plus eux sont lents en réaction. J’ai ensuite écrit un texte de soixante dix pages et Silvia a choisi les passages qui lui paraissaient importants. Même si la vie de l’histrion est horrible, c’est un phénomène psychologique qui est drôle à voir. On a construit des objets – je travaille toujours par ce biais-là –, notamment une souris géante qui alterne moments de torpeur et actions très rapides, et un grand objet tricoté, qu’on appelle « le monstre », qui est destiné à recevoir tout ce qui fait peur à l’histrion. »

Propos recueillis par Eric Demey

A propos de l'événement

Non-Tutta (Pas toute)
du jeudi 18 juillet 2013 au samedi 20 juillet 2013
Chapelle des pénitents blancs
place de la Principale, Avignon

Festival d’Avignon. Chapelle des pénitents blancs. Le 18 juillet à 15h, les 19 et 20 à 15h et 19h. Tél : 04 90 14 14 14. Durée estimée : 1h15
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