Théâtre - Critique

Le Malentendu

Le Malentendu - Critique sortie Théâtre Eragny-sur-Oise Théâtre de L’Usine


Théâtre de l’Usine / d’Albert Camus / mes Hubert Jappelle

C’est au début des années 1980, après avoir participé à l’aventure du festival Off d’Avignon, aux côtés d’André Benedetto, qu’Hubert Jappelle choisit de quitter la Cité des papes pour venir vivre en région parisienne. Là, à Eragny-sur-Oise, il investit une ancienne usine de papier et fonde le Théâtre de l’Usine. Depuis aujourd’hui plus de trente ans, c’est dans ce lieu de création que le metteur en scène explore le répertoire théâtral classique et contemporain, poursuivant son travail « sur l’interprétation, la transmission et la formation ». Après avoir présenté une version des Justes d’Albert Camus la saison dernière, Hubert Jappelle saisit une nouvelle occasion de célébrer le centenaire de la naissance de l’écrivain (1913-1960) en créant Le Malentendu, pièce en trois actes appartenant au Cycle de l’absurde (avec L’Etranger, Le Mythe de Sisyphe et Caligula). Sous sa direction, les comédiens Cécile Dubois, Hélène Guichard, Anne Guillard-Lichtle, Christophe Hardy et Philippe Kieffer donnent corps et voix aux accents tragiques de cette histoire familiale.

Une tragédie du Cycle de l’absurde

Une histoire qui aboutit à l’assassinat d’un homme par sa vieille mère et sa sœur, toutes deux ignorant l’identité de celui à qui elles donnent la mort afin de lui voler son argent. Après les avoir laissées vingt ans sans nouvelle, Jan a en effet décidé de revenir dans son village natal. Il loue une chambre dans le petit hôtel que tiennent les deux femmes, mais sans dire qui il est. Lui-même n’a aucune idée de ce qu’elles sont devenues, ne sait rien des frustrations et des rêves d’ailleurs qui ont poussé sa sœur à concevoir, avec la complicité de sa mère, une mécanique meurtrière au sein de leur auberge… Pour mettre en scène cette tragédie de l’isolement, de la détresse, du déchirement intime, Hubert Jappelle (qui signe également la scénographie du spectacle) a pris le parti du dépouillement. Pas de grand décor, dans cette représentation centrée sur le texte et les interprètes, mais un espace quasiment vide au sein duquel les comédiens s’emparent du texte avec cœur, mais aussi trop de raideur, trop d’affectation. Le résultat, en demi-teinte, peine à rendre justice au théâtre d’Albert Camus, que le metteur en scène juge injustement déprécié. Ne parvenant jamais réellement à trouver la vérité de ses personnages, ce Malentendu renvoie à l’image d’une œuvre enfermée dans un autre temps.

Manuel Piolat Soleymat

A propos de l'événement


Le Malentendu
du vendredi 22 novembre 2013 au dimanche 15 décembre 2013
Théâtre de L’Usine
33 chemin d'Andrés, 95610 Eragny-sur-Oise.
Du 22 novembre au 15 décembre 2013. Les vendredis et samedis à 21h, les dimanches à 16h. Tél. : 01 30 37 01 11. www.theatredelusine.net. Durée de la représentation : 1h40.

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