Avignon - Entretien / Julien Gelas

Le dernier homme

Le dernier homme - Critique sortie Avignon / 2018 Avignon Avignon Off. Théâtre du Chêne Noir


Entretien / Julien Gelas
Théâtre du Chêne Noir / texte et mes Julien Gelas

Quelle prise de conscience a été à l’origine de l’écriture du Dernier homme ?

Julien Gelas : Je n’ai aucun goût pour le morbide et le déclinisme, ni même pour la violence, pourtant comme écrivain j’essaie de regarder le monde en face, de le regarder tel qu’il est et tel qu’il évolue. Avec Le dernier homme, j’ai voulu nous placer dans une situation d’urgence qui nous permette d’observer ce que nous sommes aujourd’hui et ce que nous risquons de devenir. J’ai voulu nous tendre un miroir par le truchement de la fiction, d’une histoire de toutes pièces inventée qui interroge nos croyances.

Autour de quelle idée avez-vous construit cette pièce ?

J. G. : Le dernier homme arrive, seul sur scène, dans un décor apocalyptique. Il tient à la main un magnétophone, décidé à raconter une dernière fois sa vie et la façon dont l’espèce humaine a disparu. Il est victime d’une malédiction qu’il ne s’explique pas : il ne meurt pas. Cette immortalité le condamne à la solitude, sur une Terre décharnée. Ses rêves lui promettent depuis longtemps qu’un jour il témoignera de ce qu’il a vu, et qu’une fois son témoignage terminé, il pourra enfin mourir. Au fil de son récit, il se souvient d’éléments mystérieux qui le rapprochent de sa vérité.

« Le dernier homme interroge notre rapport à la peur, à la mort et, bien sûr, à la vie. »

Que souhaitez-vous ici dire de notre rapport à l’autre et à l’existence ?

J. G. : Cette pièce embrasse de nombreux aspects de l’existence. Elle inverse les rapports ordinaires. L’immortalité devient un fardeau. Au fond, l’inverse de ce à quoi nous aspirons. Le dernier homme interroge notre rapport à la peur, à la mort et, bien sûr, à la vie. Comme pour toutes les œuvres qui m’intéressent, j’ai cherché à mettre en lumière des éléments qui existent dans la réalité, qui agissent et que nous ne voyons pourtant pas forcément. Mais surtout, l’époque moderne est pour moi une époque de grandes possibilités et de grandes confusions. Comme le dit le philosophe chinois Zhuangzi, j’ai « tâché d’y voir clair ». Le dernier homme est seul. Il raconte sa vie et parle des gens qu’il a aimés. En ce sens, il nous rappelle l’importance de la présence à l’autre, des joies simples et fugaces de l’existence.

 

Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat

A propos de l'événement


Le dernier homme
du vendredi 6 juillet 2018 au dimanche 29 juillet 2018
Avignon Off. Théâtre du Chêne Noir
8 bis rue Sainte-Catherine, Avignon

à 14h45. Relâches les 9, 16 et 23 juillet. Tél. : 04 90 86 74 87.


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