La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Critique

Le Corps utopique ou il faut tuer le chien !

Le Corps utopique ou il faut tuer le chien ! - Critique sortie Théâtre Montreuil Nouveau Théâtre de Montreuil – Centre dramatique national
Le Corps utopique ou il faut tuer le chien !, de Nikolaus Holz.Crédit : DR

Nouveau Théâtre de Montreuil / de Nikolaus Holz / mes Christian Lucas

Publié le 24 août 2017 - N° 257

Clown-jongleur et ancien étudiant en philosophie, Nikolaus présente à Montreuil sa nouvelle création, pour tous publics à partir de 6 ans. Entre situations grotesques et numéros de cirque, Le Corps utopique ou il faut tuer le chien ! redonne leurs lettres de noblesse au déséquilibre, à la chute, à l’échec…

« Ever Tried. Ever Failed. No Matter. Try again. Fail again. Fail better.1 » La célèbre citation de Samuel Beckett, tirée de Cap au pire, semble au cœur de l’univers artistique de Nikolaus. C’est en effet à ces mots que le clown-jongleur (ou jongleur-clown) renvoie lorsqu’on lui demande de dévoiler la phrase qui l’accompagne, au jour le jour, dans son travail2. Des mots qui prennent tout leur sens à la vue de la nouvelle création du cofondateur de la Compagnie Pré-O-Coupé dont le titre s’inspire d’une conférence donnée par Michel Foucault. Ainsi nourrie des perspectives existentielles et intellectuelles mises au jour par Beckett et par le philosophe, cette proposition burlesque réunissant trois générations de circassiens (Nikolaus, les jeunes acrobates Mehdi Azema et Ode Rosset, le Suisse Pierre Byland, figure historique de l’art du clown) nous entraîne sur les chemins d’un réel qui, de trébuchements en déconvenues, s’amuse des faiblesses de l’humain.

« Echoue encore. Echoue mieux. »

Le Corps utopique ou il faut tuer le chien ! regarde donc vers l’absurde, vers l’étrange grâce du fiasco, du dérapage, du chamboulement… Au départ : un débat public sur la sécurité, à l’occasion duquel se croisent un colonel de gendarmerie droit dans son uniforme, un jeune punk agité, un vieux professeur et sa consciencieuse secrétaire. Un lourd parpaing, tombé des cintres, ouvre cette suite de scènes décalées tirant vers Jacques Tati, vers Laurel et Hardy, vers les Monty Python. Si l’on peut, par endroits, regretter quelques faiblesses d’écriture (les numéros d’équilibrisme, de jonglage, de danse, de mât chinois… s’enchaînent de façon parfois un peu démonstrative), cet éloge de la chute et de la confusion tient néanmoins plusieurs promesses. Il nous met en joie, nous pousse à réinterroger nos maladresses, nos vanités, les limites de notre condition. Et il nous montre, suivant de grands élans de bouffonnerie, que l’échec est souvent le premier pas menant à l’accomplissement.

Manuel Piolat Soleymat

« Déjà essayé. Déjà échoué. Peu importe. Essaie encore. Echoue encore. Echoue mieux. »

2 Panorama contemporain des arts du cirque de Pierre Hivernat et Véronique Klein, Editions Textuel / Hors les murs.

A propos de l'événement

Le Corps utopique ou il faut tuer le chien !
du mardi 19 septembre 2017 au dimanche 24 septembre 2017
Nouveau Théâtre de Montreuil – Centre dramatique national
Place Jean Jaurès, 93100 Montreuil, France

Salle Jean-Pierre Vernant. Du 19 au 21 septembre et du 26 au 29 septembre 2017 à 20h, le 23 septembre à 19h et le 24 septembre à 17h. Durée de la représentation : 1h30. Spectacle vu le 25 octobre 2016, à Auch, dans le cadre du Festival du cirque actuel CIRCa. Tél. : 01 48 70 48 90. www.nouveau-theatre-montreuil.com

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