Théâtre - Entretien

La Dernière Neige

La Dernière Neige - Critique sortie Théâtre Aubervilliers Théâtre de la Commune


Théâtre de la Commune / de Hubert Mingarelli / réalisation et interprétation Didier Bezace

Comment avez-vous découvert La Dernière Neige ?

Didier Bezace : Je suis tombé dessus complètement par hasard, il y a une dizaine d’années. Le roman de Hubert Mingarelli est un texte qui m’a tout de suite énormément touché. Je me suis mis, assez rapidement – lors de festivals, de soirées de lectures… – à le colporter. Et à chaque fois que je l’ai lu, j’ai constaté qu’il avait un impact très fort sur les gens.

 

Qu’est-ce qui vous intéresse particulièrement dans l’écriture de cet écrivain ?

D. B. : Hubert Mingarelli est un homme qui ne se paie pas de mots. Il pose les phrases avec précaution et économie sur la page, écrit en creux, avec le moins de plein possible, en laissant beaucoup de place à la résonnance des mots, à ce qu’ils peuvent produire sur le lecteur. Il a, dans ses romans, une façon de regarder les choses du monde et les comportements de ses personnages qui nous les fait envisager autrement et nous amène à changer notre regard sur ce qui nous entoure. La Dernière Neige est un récit initiatique qui, en nous plongeant dans la vie d’un jeune garçon et de sa famille, nous interroge sur le prix de la liberté, nous parle des blessures de l’intime. Cela, comme je l’ai dit, de manière extrêmement pudique, jamais démonstrative.

 

« Hubert Mingarelli pose les phrases avec précaution et économie sur la page, il écrit en creux, avec le moins de plein possible… »

 

Comment envisagez-vous l’acte de lecture publique ?

D. B. : Donner des lectures publiques est un acte de partage qui nous renvoie à une tradition très ancienne. Je l’envisage de façon on ne peut plus simple : en essayant de raconter au mieux une histoire et de laisser la plus grande place possible à l’imaginaire. Mon métier de comédien et de metteur en scène me permet de passer de l’amour solitaire d’un livre à un partage avec d’autres personnes. Si j’ai choisi de lire ce texte avant de quitter le Théâtre de la Commune, c’est pour dire au revoir aux spectateurs à travers un acte simple, rudimentaire, mais un acte qui a été fondateur dans la relation que j’ai entretenue, durant toutes ces années (ndlr, Didier Bezace a pris la direction du Centre dramatique national d’Aubervilliers en 1997), avec le public de ce théâtre.

 

Qu’est-ce que pour vous un bon lecteur ?

D. B. : Chaque acteur fait avec sa nature, avec sa capacité à incarner l’univers et l’humeur de l’auteur. Lire un texte en public, c’est à la fois quelque chose de polymorphe et de très simple. On a l’impression de réinventer ce que l’on raconte alors qu’on ne l’a pas écrit. C’est une sensation belle et étrange à la fois. Je crois que, de façon essentielle, un bon lecteur parvient à communiquer l’émotion des mots en se situant au plus près de la littérature.

 

* Roman publié aux éditions du Seuil.

 

Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat

A propos de l'événement


La Dernière Neige.
du jeudi 7 novembre 2013 au dimanche 8 décembre 2013
Théâtre de la Commune
41 rue Lécuyer, 93300 Aubervilliers.
Du 7 novembre au 8 décembre 2013. Les mardis à 19h30, les mercredis, jeudis et vendredis à 20h30, les samedis à 18h30, les dimanches à 16h. Relâche exceptionnelle le dimanche 10 novembre. Durée : 1h30. Tél. : 01 48 33 16 16.

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