Festival Odyssées en Yvelines 2024 : six créations pour la jeunesse qui font théâtre du réel
Au Théâtre de Sartrouville et des Yvelines, [...]
Spectacle bilingue en arabe et français, portant des figures et une théâtralité populaires, Les Généreux donne à apercevoir la société algérienne et séduit par sa beauté simple et dépaysante.
Projet original que de proposer une pièce en français et en arabe, sans surtitre. Au plateau, les deux langues alternent, régulièrement. Moments où le sens revient, plein, simple. Et moments passés à regarder sans comprendre, à deviner, à écouter la musicalité d’une langue, à traquer des signes dans les corps des interprètes. Pour Jamil Benhamamouch, le metteur en scène, il s’agit de permettre de suivre « l’histoire dans sa langue maternelle tout en étant happé par la musicalité de l’autre langue, telle la partition d’un opéra ». Mélangeant interprètes francophones et arabophones – sept au plateau : quatre hommes et trois femmes – Les Généreux porte avant tout le théâtre d’Abdelkader Alloula, dramaturge oranais assassiné en 1994 en Algérie. Dans ce premier épisode, c’est l’histoire de Jelloul que la troupe déroule. Un homme ordinaire, aimant, altruiste et généreux – ce qui lui permet de figurer dans la galerie de portraits de cette pièce qui en compte trois – qui a cependant un défaut : il se met trop souvent en colère et finit par tout gâcher. Petit homme énergique qui court à travers les couloirs de l’hôpital où il travaille, muté de service en service parce qu’il ne sait pas se contrôler, il finit à la maintenance des appareils médicaux de la morgue, ce qui donnera lieu à une mémorable scène de résurrection d’un mort vivant. Toujours saisi par la parole chorale des interprètes, qui rapportent sa vie comme s’ils constituaient une communauté de voisins, de connaissances, le petit homme en devient une sorte de héros de légende et d’anti-héros à la fois, figure mythifiée par la parole populaire dont les actes rapportés ont les couleurs du dérisoire et d’un tendre burlesque.
Fenêtre ouverte sur un monde méconnu
Les sept interprètes au plateau n’ont rien d’autre qu’un petit caisson ajouré et un subtil jeu de lumières pour produire du théâtre dans cette belle salle du Studio d’Alfortville. Ce qu’ils font avec une énergie subtilement dosée. Pièce chorale et dynamique d’une grande simplicité, Les Généreux offre également une multitude d’aperçus sur la vie de Jelloul qui permettent de pénétrer un peu la société algérienne. Poids de la bureaucratie, démocratie vacillante, pouvoir des syndicats, c’est au-delà de ces esquisses satiriques un regard tendre que l’auteur oranais pose sur les habitants. On regrette certainement un peu de ne pas profiter davantage de cette fenêtre ouverte sur un monde méconnu pour mieux l’appréhender mais on se fait aussi une raison. Car ce mélange des langues véhicule une utopie, construit des ponts, abat des barrières, fait réfléchir et produit une énergie positive rayonnante dans un spectacle qui s’achève sur une chanson d’une beauté absolument stupéfiante.
Eric Demey
du mercredi au vendredi à 20h30, les samedis et dimanches à 16h. Relâche les 29 et 30 janvier et 5 et 6 février. Tel : 01 43 76 86 56.
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