Opéra - Critique

Il Nerone : un Couronnement de Poppée impromptu, Le Poème harmonique, direction Vincent Dumestre, mise en scène Alain Françon

Il Nerone : un Couronnement de Poppée impromptu, Le Poème harmonique, direction Vincent Dumestre, mise en scène Alain Françon - Critique sortie Opéra Paris Athénée Théâtre Louis-Jouvet


Opéra-Athénée

Depuis sa redécouverte, il y a un peu plus d’un siècle, Le Couronnement de Poppée enchante les théâtres lyriques dans des propositions d’une incomparable variété, tant scénique que musicale. Difficile en effet d’interpréter d’une même voix une œuvre dont on n’a conservé pas même la trace de l’orchestration. L’idée de Vincent Dumestre est à la fois simple et radicale : il prend pour point de départ une représentation qu’auraient donnée à Paris, en janvier 1647, les chanteurs et musiciens de la création — un spectacle sans décors fastueux ni machines. La mise en scène d’Alain Françon joue de cet esprit d’impromptu, caractérisant les personnages d’un trait (les costumes disparates de Marie La Rocca sont d’une parfaite efficacité), quitte parfois à les livrer un peu trop à eux-mêmes.

Liberté retrouvée

L’ouvrage est présenté dans une version écourtée mais il reste suffisamment de musique pour goûter la vivacité, le mordant des musiciens du Poème harmonique : à peine une dizaine dans la fosse mais quel envoûtement sonore, quelle verve et quel rythme !  Cette liberté retrouvée rejaillit sur les jeunes artistes de l’Académie de l’Opéra national de Paris qui forment une bien belle distribution, de plus en plus à l’aise au fil de la représentation : Marine Chagnon est une belle Poppée, au caractère affirmé, intrigante à souhait, Martina Russomano, d’abord un peu tendue en Fortune, se révèle en Drusilla énergique et rayonnante. On retiendra également l’élégance scénique et vocale de Kseniia Proshina (Amour), le Sénèque d’Alejandro Baliñas Vieites, qui a la calme profondeur du rôle, ou encore Léo Fernique, qui assume pleinement le caractère bouffon d’Arnalta. Fernando Escalona livre quant à lui une prestation étonnante : il fait de Néron un personnage impulsif, comme désemparé, pris en étau par l’exercice du pouvoir et l’emprise de l’amour. Le jeune contre-ténor vénézuélien semble encore se chercher, mais cette incertitude même, guidée par Vincent Dumestre, nourrit le rôle.

Jean-Guillaume Lebrun

A propos de l'événement


Il Nerone : un Couronnement de Poppée impromptu
du mercredi 2 mars 2022 au samedi 12 mars 2022
Athénée Théâtre Louis-Jouvet
Square de l’Opéra Louis Jouvet, 75009 Paris

Durée : 3h (avec entracte)


Tél. : 08 92 89 90 90.


Reprise à l’Opéra de Dijon le dimanche 20 mars 2022 à 15h et les 22, 24 et 26 mars 2022 à 20h.


Reprise à la Maison de la Culture d’Amiens le vendredi 1er avril à 20h30.


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