« Keshi » de la Cie Caméléon, une perle de Polynésie française venue à Avignon
Dans la nuit tahitienne, les secrets de [...]
Dans un univers sonore et visuel saisissant, la compagnie f.o.u.i.c. de Clotilde Morgiève et Jean-Christophe Dollé nous embarque dans un périple futuriste d’une grande maîtrise, où se mêlent fantaisie, étrangeté et beauté.
L’humanité est en voie d’extinction… Pourtant, dans cette Happy Apocalypse mise en scène par Clotilde Morgiève et Jean-Christophe Dollé, qui est aussi l’auteur du texte, la vie s’élance dans de singulières aventures, étonnantes, exacerbées, drôles autant qu’inquiétantes. Et même si la scénographie inventive et remarquablement agencée – signée par Marie Hervé, qui a aussi créé les costumes – se révèle très compartimentée, force est de constater que les cadres se disloquent, les chemins tout tracés perdent leur sens, les frontières se brouillent, y compris entre les espèces. Dans un univers visuel et sonore saisissant, la pièce déploie une saga familiale minée par les conflits et malentendus, un conte futuriste à l’échelle cosmique, mêlant astrophysique et métaphysique. Dénuée de tout didactisme, l’allégorie chatoyante se pare de fantaisie, d’étrangeté, de poésie aussi, faisant l’éloge des « corps faibles » avec tendresse, appelant à reconnaître pleinement l’unité du vivant, avec pour boussole soi et le monde, soi avec le monde.
Une imagination sans limite, entre l’angoissant et le réconfortant
Natacha Crawling, la mère, brillante scientifique, a choisi de faire naître sa fille suite à une expérience de mutation génétique. Perle est une enfant hybride, croisée avec un… varan du Komodo. « Je ne me suis jamais vraiment sentie humaine. Je ne suis pas classable. » dit-elle. Des êtres évoquant un poulet et un bœuf qui se chamaillent, un macareux moine, une sage-femme harfang des neiges… : elle n’est pas la seule personne hybride de l’histoire (les masques sont signés par Olga Reis). N’oublions pas un fameux papillon qui vous fera rêver, et peut-être aussi envisager autrement cette omnipotence de l’espèce humaine, qui dysfonctionne à tous les étages. Portée par six comédiens et trois musiciens, la pièce navigue habilement entre le tragique et le burlesque, entre l’angoissant et le réconfortant, entre la finitude et la renaissance. Plus qu’un rêve, elle est une ode à la fragilité, à l’altérité, une célébration de l’attention au vivant, servie par une imagination et un savoir-faire où importe chaque détail. Une réussite !
Agnès Santi
à 22h35. Relâche les vendredis 11 et 18 juillet. Tél. : 04 84 51 20 10. Durée : 1h40.
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