Danse - Gros Plan

Marie-Claude Pietragalla crée un « Giselle(s) » contemporain pour dix-huit danseurs

Marie-Claude Pietragalla crée un « Giselle(s) » contemporain pour dix-huit danseurs - Critique sortie Danse Boulogne-Billancourt La Seine Musicale


La Seine Musicale / Chor. Marie-Claude Pietragalla / Julien Derouault/

Le Théâtre du Corps de Marie-Claude Pietragalla et Julien Derouault présente une nouvelle version de Giselle, ballet mythique créé en 1841. Intitulée Giselle(s), leur création pour dix-huit danseuses et danseurs (dont eux-mêmes) s’ancre dans la problématique contemporaine des violences faites aux femmes. Il faut dire que le thème du ballet originel s’y prête à la perfection : il y est question de trahison, de violence physique mais surtout psychologique masculines, de pressions et de différences de classes sociales, d’amour à mort. On y croise aussi des thématiques telles que le fantastique et le désir de vengeance, l’enfermement et le pardon. Mats Ek, immense chorégraphe suédois, ne s’était pas trompé en transposant le deuxième acte de sa version dans un asile psychiatrique en 1984. Chez Pietragalla-Derouault, la petite paysanne du 19e siècle a laissé la place à une femme qui se bat pour l’égalité des droits, et la jeune wili impétrante, adepte de l’amour oblatif, est devenue la reine de ces créatures impitoyables.

Une histoire universelle

Après un premier acte très cinématographique, conçu comme un flash-back au sein de couples différents, où les rapports de force et d’emprise sont très présents, le deuxième acte nous emmène chez les wilis – ces spectres de femmes abandonnées avant leur mariage dans la version d’origine – qui se dressent collectivement contre l’oppression millénaire du patriarcat. Giselle, leur reine, a monté au fil du temps une armée de guerrières et de combattantes énergiques. La scénographie, qui tient essentiellement aux costumes et lumières, est saisissante. La musique de ce Giselle(s), réalisé avec La Muse en Circuit, Centre national de création musicale, décale subtilement la partition originelle d’Adolphe Adam. Elle distord certaines sonorités, travaille sur un mélange de timbres instrumentaux ou électroniques, modulant en live un univers sonore inédit à chaque représentation. Les tambours du Bronx et la musique électro de Wilfried Wendling accentuent le côté surnaturel de cette histoire d’amour bien réelle.

Agnès Izrine

A propos de l'événement


Giselle(s)
du jeudi 14 mars 2024 au dimanche 17 mars 2024
La Seine Musicale
Île Seguin, 92100 Boulogne-Billancourt

à 20h30 sauf le 17 à 17h. Tél. : 01 74 34 53 53. Durée : 2h30 avec entracte.


Également le 20/03 à Le Quattro, Gap ; le 22/03 au Silo Marseille ; le 24/03 au Corum, Montpellier ; les 26 et 27/03 au Radiant Bellevue, Lyon ; le 12/04 au Palais des Congrès, Nantes ;  le 16/04 à L’Amphy, Yutz ; le 26/04 au  Théâtre Alexandre Dumas Saint-Germain-en-Laye ; le 04/05 au Poc, ALFORTVILLE ; le 31/05 au Théâtre, Brunoy.


 


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