Théâtre - Entretien

Gilles Bouillon met en scène Dans la solitude des champs de coton

Gilles Bouillon met en scène Dans la solitude des champs de coton - Critique sortie Théâtre Tours Théâtre Nouvel Olympia


Théâtre Nouvel Olympia – CDR de Tours / Dans la solitude des champs de coton / de Bernard-Marie Koltès / mes de Gilles Bouillon

Pourquoi choisir cette pièce ?

Gilles Bouillon : Il y a quinze ans, j’avais le projet de monter une trilogie autour de l’échange et du désir, avec Dans la jungle des villes, de Brecht, et L’Echange, de Claudel. Après ces deux-là, je m’étais promis de monter Dans la solitude des champs de coton, mais ça ne s’est pas fait. Je connaissais bien Koltès. Dans mon deuxième spectacle, Le Songe d’une nuit d’été, jouait Yves Ferry. Koltès est venu deux fois de suite voir jouer son ami. C’est comme ça que nous nous sommes rencontrés. Il habitait entre Barbès et Pigalle, quartier dont il était amoureux et où j’avais grandi. Nous partagions la même fascination pour les Etats-Unis, pour le reggae, la capoeira ; nous avions des amours littéraires semblables pour Conrad, Faulkner, et une même fascination et détestation profonde pour Marivaux. Dès que le Nouvel Olympia a été construit, j’ai donné son nom à la grande salle.

« Tout est dans l’entretien ; et, dans cet entretien, l’essentiel est de gagner du temps. »

Après le travail de troupe autour de Labiche, vous revenez à une forme plus simple.

G. B. : Je passe en effet du travail de troupe, passionnant et que j’adore, à ce qui pourrait être considéré comme un entretien philosophique du XVIIIème siècle. La pièce fait penser à Jacques le fataliste, au Neveu de Rameau, y compris dans la syntaxe, la ponctuation, la somptuosité de phrases qui peuvent compter jusqu’à vingt-cinq lignes. C’est intéressant à travailler avec des corps, en plein dans la matière du langage et de la parole. Et m’intéresse aussi cet objet au milieu, cette énigme, ce mystère, qu’on peut appeler le désir, mais qu’on réduirait à tort à de la drague homosexuelle ou au commerce de drogue. On ne sait pas ce qu’est le contenu de ce désir. Et il faut que ce contenu ne s’énonce pas. Tout est dans l’entretien ; et, dans cet entretien, l’essentiel est de gagner du temps. Dans Prologues, Koltès écrit : « L’échange des mots ne sert qu’à gagner du temps avant l’échange des coups, parce que personne n’aime recevoir de coups et tout le monde aime gagner du temps. ». Cette phrase constitue un bel emblème de ce texte. Mais cette pièce n’est pas une longue complainte hallucinatoire : il y a aussi de l’humour, des choses concrètes et très drôles auxquelles il faut s’accrocher.

Comment envisagez-vous la mise en scène de ce texte ?

G. B. : Ce qui me plaît, c’est la simplicité : un espace, deux acteurs, un texte, et allons-y ! L’essentiel est de chauffer à blanc le Noir et de noircir le Blanc. Il est très important que le dealer soit noir et le client, blanc. C’est Adama Diop, très bon acteur d’origine sénégalaise, chanteur de reggae, musicien, formé aux conservatoires de Montpellier et de Paris, qui joue le dealer. Et mon fils, Bastien, qui joue le client. Difficile de parler de son fils, mais disons qu’au-delà du plaisir de travailler avec lui, c’est avant tout la valeur du comédien qui compte. Et, dans cette pièce, il faut que les comédiens soient fascinants. C’est un défi pour eux, comme c’est un défi pour le metteur en scène de faire en sorte que le public suive la pièce pendant une heure trente sans décrocher, parce que, comme le remarquait Koltès lui-même, il est passionnant de raconter des histoires qui intéressent les gens.

Propos recueillis par Catherine Robert

A propos de l'événement


Dans la solitude des champs de coton
du mardi 28 mai 2013 au vendredi 7 juin 2013
Théâtre Nouvel Olympia
7, rue de Lucé, 37000 Tours
Théâtre Nouvel Olympia, 7, rue de Lucé, 37000 Tours. Du 28 mai au 7 juin 2013. Mardi, mercredi, vendredi et samedi à 20h ; lundi et jeudi à 19h. Représentation scolaire le 31 mai à 14h. Tél. : 02 47 64 50 50.

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