Jazz / Musiques - Entretien

Fragments Septet d’Yves Rousseau

Fragments Septet d’Yves Rousseau - Critique sortie Jazz / Musiques Beynes La Barbacane


JAZZ / BEYNES / LES LILAS

On observe dans votre parcours à la fois des propositions régulières, des projets singuliers, en préservant le choix de travailler avec des musiciens dans le temps long…

Yves Rousseau : Je suis un fidèle. J’aime que l’on participe tous ensemble à une forme de tissage collectif, dans l’acceptation du projet de départ. J’ai absolument besoin de ça. C’est sans doute pour cette raison qu’après avoir fait le métier de musicien pendant des années pour d’autres, dans des musiques assez différentes, jazz ou satellites du jazz, j’ai voulu bâtir ma petite entreprise. Et moi aussi, sous mon nom, apporter ma pierre à ce grand édifice de la musique. J’avais viscéralement besoin de construire, d’influer sur le collectif, d’avoir voix au chapitre. Pourtant, j’ai toujours eu un problème avec l’appellation de compositeur. Quand j’enseigne, je parle souvent de mise en scène musicale. C’est quelque chose de très important pour moi. Je suis plus à l’aise avec le terme de metteur en scène qu’avec celui de compositeur.

« Retrouver des réminiscences, des fulgurances de ces exaltations extrêmes de l’adolescence. »

Lors de chaque nouveau projet, vous êtes pourtant devant une page blanche…
Yves Rousseau :
Je m’efforce de repartir dans une nouvelle direction pour chaque projet. Les années passant, je me rends compte que c’est un peu plus facile, un peu moins douloureux que la fois d’avant. Pour autant, ce trac d’échouer, je viens de le vivre avec force pour le projet Fragments. En travaillant, je me souviens m’être dit plusieurs fois « Mais pourquoi tu t’es mis là-dedans ! ». Ce que j’avais déjà ressenti lors du projet Schubert, Wanderer Septet. Je privilégie les collaborations au long cours, mais les événements de la vie m’ont aussi appris à me renouveler. Je suis plutôt dans une période où de nouvelles collaborations se nouent. J’envisage par exemple avec bonheur l’arrivée dans mes projets de très jeunes musiciens.

C’est particulièrement le cas dans votre prochaine création : Fragments Septet. L’âge compte-t-il pour vous dans le choix d’un musicien ?

Yves Rousseau : Non, ce qui compte, c’est la pertinence et évidemment la fraîcheur. La fraîcheur, je connais des vieux qui en ont, et heureusement ! J’ai découvert Etienne Manchon qui va tenir les claviers dans Fragments il y a deux ans, en participant à un jury d’entrée au CNSM. C’est un musicien qui m’a tout de suite impressionné par sa culture, sa maturité, son ouverture d’esprit. C’est la même chose pour Vincent Tortiller, que j’ai vu naître. J’ai longtemps joué avec son père Franck. C’est très amusant de le retrouver aujourd’hui avec moi sur scène. Si le jeunisme ambiant me fatigue quand il est posé comme une norme, jouer avec de jeunes musiciens de grand talent est une source de bonheur et d’inspiration musicale formidables.

Quelle est la part de nostalgie dans Fragments ?

Yves Rousseau : Je crois qu’il n’y en a pas. J’ai abondamment réécouté ces derniers mois des groupes tels que King Crimson, Pink Floyd, Emerson Lake and Palmer ou Genesis. King Crimson reste un des groupes les plus inventifs de cette époque, accueillant l’improvisation avec grand plaisir au début des années 1970. La découverte de ces musiques à l’adolescence a été pour moi un choc. Ce sont des musiques puissantes, avec une force évocatrice rare, un côté démesuré. Elles sont tout aussi importantes que d’autres et j’ai le sentiment qu’on les a trop vite mises de côté. Elles devaient traverser les époques. Fragments n’est pas conçu autour de relectures ou d’arrangements mais recèle uniquement de nouvelles pièces originales. J’appartiens à une génération de musiciens âgés de 50 à 60 ans, qui ont aimé ces musiques et qui s’en servent. C’est aussi le cas d’Andy Emler par exemple. J’ai découvert ces groupes avant d’écouter du jazz. Je me méfie du mot hommage que je n’aime pas : j’ai simplement voulu me souvenir. Retrouver des réminiscences, des fulgurances de ces exaltations extrêmes de l’adolescence.

Propos recueillis par Jean-Luc Caradec

A propos de l'événement


Yves Rousseau
du vendredi 1 février 2019 au samedi 2 février 2019
La Barbacane
La Barbacane. Place du 8 Mai 1945 - Beynes (78) Le Triton. 11 bis rue du Coq Français, 93260 Les Lilas

La Barbacane : Vendredi 1er Février à 20h45. Tél. 09 78 03 82 15. Création clôturant deux ans de résidence.

Le Triton : Samedi 2 février à 20h30. : Tél. Tél. 01 49 72 83 13


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