Thierry Malandain au plus près de la musique, entre abstraction et narration

Vous présentez en ce début d’année en région parisienne Les Saisons et Marie-Antoinette qui sont deux commandes de Laurent Brunner, directeur de Château de Versailles Spectacles. Quelle relation entretenez-vous avec cette institution ?

Thierry Malandain : Marie-Antoinette et Les Saisons sont respectivement la troisième et la quatrième commande de l’Opéra Royal de Versailles. Avant cela il y a eu Cendrillon puis La Belle et la Bête. C’est une collaboration solide, de longue date, qui nous a par exemple amenés à faire en septembre une tournée en Asie avec son orchestre dirigé par Stefan Plewniak.

Les Saisons sont un ballet abstrait et Marie-Antoinette un ballet narratif. Créer ces deux types de pièce est-il très différent ?

T.M. : En termes de souffrance cela n’a rien à voir ! Les ballets narratifs sont toujours plus difficiles à créer que les ballets abstraits. Lorsque l’on m’a demandé de créer sur Les Quatre Saisons de Vivaldi, j’y suis d’abord allé à reculons car c’est une partition extrêmement connue. Mais les accompagner de celles de Guido était intellectuellement stimulant et, dès que j’ai pris la décision d’intercaler les deux partitions pour en faire une sorte de mille-feuille, le propos est devenu simple dans mon esprit et la création facile.

« Les ballets narratifs sont toujours plus difficiles à créer que les ballets abstraits. »

Est-ce à dire que la création de Marie-Antoinette a été difficile ?

T.M. : Oui, pour Marie-Antoinette j’ai vraiment beaucoup souffert. Là encore je n’étais pas au départ emballé par le sujet. Et plus je lisais pire c’était. Les choses se sont dénouées à partir du moment où j’ai pris la décision de limiter l’action à Versailles : puisque l’Opéra où nous avons donné la première a été construit pour le mariage de Marie Antoinette et du futur Louis XVI, j’ai fait démarrer l’intrigue à ce moment-là, le ballet se terminant lorsque le couple est contraint de quitter la ville. L’autre difficulté était de coupler ce synopsis à mon choix musical qui s’était porté sur Haydn. Celui-ci a composé plus de cent symphonies mais je ne pouvais pas proposer à l’orchestre un matériel exubérant. Je me suis donc limité à trois symphonies, un cycle qui s’appelle Le matin, Le midi et Le soir. J’y ai ajouté un mouvement d’une symphonie nommée La chasse et un petit morceau de Gluck.

Vous présenterez en mai prochain une nouvelle création sur la musique de Camille Saint-Saëns. Pouvez-vous déjà nous en parler ?

T.M. : J’ai commencé à m’y pencher. Je vais travailler sur un cycle de mélodies pour orchestre de Camille Saint-Saëns dans lequel on trouve des textes de Victor Hugo ou Théophile Gaultier. Le ballet commencera par la Danse Macabre, elle aussi chantée. Je ne suis pas encore certain de son titre mais le thème en sera la mort.

Propos recueillis par Delphine Baffour