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Focus -320-« Retrouver l’essentiel » : à la Maison des Métallos, Josef Nadj exprime la quête d’un être qui danse

« Retrouver l’essentiel » : à la Maison des Métallos, Josef Nadj exprime la quête d’un être qui danse

« Retrouver l’essentiel » : à la Maison des Métallos, Josef Nadj exprime la quête d’un être qui danse - Critique sortie  Paris La Maison des Métallos

Publié le 27 mars 2024 - N° 320

Fort de presque quarante ans de créations, Josef Nadj traverse le temps et célèbre le dialogue. Il présente Mnémosyne (2018), Omma (2020) et une étape de création de son prochain spectacle Quand la lune se lève. Divers ateliers, une rencontre et une exposition participent à ce foisonnement créatif.

Vous allez en quelque sorte « habiter » avec votre compagnie un lieu culturel pendant un mois. Comment avez-vous reçu cette proposition de la Maison des Métallos ?

Josef Nadj : Avec grand plaisir. C’est assez rare en ce moment qu’un lieu nous propose une sorte de carte blanche, une présence continue pour pouvoir s’installer en étant disponible pour toutes sortes de rencontres. Après de nombreuses années au Centre Chorégraphique National d’Orléans, je suis redevenu nomade en tant que compagnie indépendante. Mes deux dernières créations ont été fabriquées suite à une petite résidence là, une autre ailleurs. Nous devions nous adapter à chaque salle de répétition, plateau, ville, ce qui, après tant d’années passées dans une institution, m’a aussi permis de me sentir plus libre, plus souple, plus disponible. Je recentre toutes mes pensées, tous les gestes, avec un minimum de moyens. Le corps redevient central, et ce retour à l’essentiel constitue le thème de notre présence à la Maison des Métallos. Arriver avec son corps, son passé, sa mémoire, ses qualités… : cela ouvre un chemin pour initier un dialogue.

« Avec Omma, j’ai voulu me concentrer sur le corps. »

Omma correspond-elle à ce tournant dans votre démarche ?

J.N. : Omma découle en effet d’un dialogue que j’ai commencé avec des danseurs africains. C’était un choix de ma part de voir ce qui se passe si je vide le plateau. Auparavant, je travaillais beaucoup sur la scénographie, sur la dramaturgie visuelle, ce qui a conditionné toute ma pensée. Avec Omma, j’ai voulu me concentrer sur le corps, revenir à chaque instant sur la composition corporelle et musicale dansante. Nous allons profiter de ce joli plateau pour continuer à fabriquer le deuxième volume, qui s’appellera Quand la lune se lève, prévu pour le festival Montpellier Danse, avec les mêmes danseurs. Cette fois-ci je serai sur la scène. Je retrouve le plaisir de travailler à nouveau sur mon corps, et même si c’est encore plus ardu qu’avant pour moi, il m’intéresse énormément de ne pas lâcher le fil. Nous ouvrirons des répétitions pour des jeunes, afin de partager quelques moments de création et d’engager des discussions autour de la création contemporaine.

Quels autres choix avez-vous opéré pour concevoir ce programme aux Métallos ? La notion de répertoire existe-t-elle dans la compagnie ?

J.N. : Elle s’est réduite quand j’ai quitté Orléans, car je ne dispose plus de moyens ni de lieu pour stocker les décors et entretenir un répertoire plus large. Mais il y a Mnémosyne, un projet que je montre depuis de nombreuses années. Je vais retourner dans mon pays natal avec cette pièce et je crois que je mettrai alors un point final à sa trajectoire. Mnémosyne est un contrepoint à Omma. D’abord je suis seul, dans un lieu fermé, une boîte noire. La pièce est une performance autour de la photographie, que je pratique depuis longtemps mais que je n’avais jamais abordée sur un plateau.  À travers cette forme, je mets en scène mon rapport à l’image photographique. La performance est accompagnée d’une exposition d’un certain nombre de photos faites parallèlement, qui racontent notamment l’histoire de ma rencontre incongrue avec des grenouilles écrasées dans ma ville natale de Kanjiža. Sur les photos, je me suis rendu compte que ces grenouilles devenaient très dramatiques, très grotesques, drôles et tragiques à la fois, comme des personnages à la Beckett ! Je les ai associées à de petits objets et j’ai créé un mini-théâtre autour d’elles. Chaque image est habitée d’une mémoire, d’une puissance d’évocation singulière et troublante.

 

Entretien réalisé par Nathalie Yokel

A propos de l'événement

du mardi 9 avril 2024 au vendredi 26 avril 2024
La Maison des Métallos
94 rue Jean-Pierre Timbaud, 75011 Paris

Omma les 23 et 24 avril à 20h

Mnémosyne du 9 au 16 avril

Quand la lune se lève (fabrique) du 17 au 20 avril

Grand entretien le 16 avril à 19h

Les Miniatures (exposition) du 9 au 16 avril

Les besoins artificiels – Comment sortir du consumérisme, arpentage le 17 avril de 18h30 à 21h30

Ateliers Danse et improvisation le 24 avril à 14h, Floorwork le 25 avril à 14h, Afropeps le 25 avril à 19h

Mémoires de l’univers, performances solo, fête et concert le 26 avril de 19 à 23h30

 

Tél. : 01 47 00 25 20.

Maisondesmetallos.paris

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