Anafaza 23 célèbre les 60 ans de la Batsheva Dance Company
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Pour sa deuxième saison à la tête du Chaillot -Théâtre national de la Danse, Rachid Ouramdane nous présente une saison qui fait la part belle aux Chaillot Expérience et célèbre un art chorégraphique ouvert sur les enjeux du monde.
Vous parlez pour Chaillot et cette saison d’un théâtre de l’hospitalité. Qu’est-ce que cela signifie ?
Rachid Ouramdane : C’est un théâtre qui aborde la création et les publics au travers de la notion de partage. Cela interroge les artistes dans leur capacité à inventer de nouvelles façons de rencontrer les spectateurs. Il s’agit de ne pas se contenter du mode traditionnel de représentation mais de toujours questionner la fonction première du spectacle qui est de rassembler. Ce n’est pas pour rien que j’ai voulu asseoir cette notion d’hospitalité après la période aiguë de la crise sanitaire, alors que le public ne revenait pas en salle. Certains ont pensé qu’il y avait un désintérêt vis-à-vis du spectacle, or on voit, aujourd’hui, que ce n’est plus le cas. Je pense au contraire que les spectateurs attendaient de pouvoir vivre des choses nouvelles, que les multiples propositions faites par le secteur de l’art vivant ont contribué à refaire lien. Le secteur s’est en effet réinventé en imaginant d’autres formes, d’autres horaires, d’autres modalités de partage, avec des pièces qui ont fait place au digital, qui ont investi des sites inhabituels. Cette capacité à inventer tout ce qui va rassembler est ce que j’appelle hospitalité.
C’est une notion particulièrement présente dans les Chaillot Expérience. Quel a été leur rôle ?
R.O. : Les Chaillot Expérience ont incarné avec force cette façon de mettre en partage l’art chorégraphique. J’ai insisté précédemment sur le rôle joué par la crise sanitaire mais j’ai toujours pensé qu’il était important de mettre en avant le fait que la danse touche plusieurs secteurs de l’activité humaine – l’éducation, le social, la santé… La danse est en dialogue permanent avec d’autres domaines. Cela signifie inviter les publics à venir contempler des spectacles, mais aussi à appréhender autrement la chorégraphie, comme on l’a vu lors de performances déambulatoires, de (LA)HORDE notamment. Cela signifie également éprouver l’art chorégraphique de multiples manières, en tant que spectateur mais aussi en tant que contributeur interagissant dans des master classes, des débats, ou de façon festive lors de rassemblements. Il y a la danse de création sur les plateaux, expérimentale ou identifiée, avec parfois une renommée internationale, et il y a la danse qui se trouve à tous les étages de la société, dans de nombreux moments de notre quotidien. Il me paraît important de partager toutes ces danses dans cet unique Théâtre national dédié à l’art chorégraphique.
Pouvez-vous nous rappeler le déroulement des Chaillot Expérience ?
R.O. : Ils débutent dans l’après-midi et finissent très tard. Les formes sont variées, allant de pratiques familiales à des choses qui touchent un public de la nuit. Ils s’articulent autour de propos d’artistes qui viennent porter un regard sur les grands débats du moment, avec toujours l’idée de faire plus de place à la diversité culturelle, aux communautés LGBTQI+, à des formes de danse très présentes dans la société mais qui n’avaient pas encore d’endroit pour se réunir et s’exprimer. Devant le succès de cette première année de Chaillot Expérience, j’ai décidé d’en proposer dorénavant un par mois. Ils sont construits, le plus souvent, autour de territoires, et sont très pluridisciplinaires. On y découvre de la musique, du cinéma, mais aussi des activistes, des gens qui cherchent des moyens d’expression nouveaux pour continuer d’interpeller le monde. Celui sur l’Algérie par exemple réunira aussi bien des rappeurs que de nouvelles figures du raï, des auteurs comme Kamel Daoud, des dessinateurs de presse, des chorégraphes comme Nacera Belaza, avec qui nous organisons ce temps fort. Nous y organiserons aussi une veillée berbère.
Quels sont les autres événements de cette saison qui vous tiennent particulièrement à cœur ?
R.O. : 2024 est une année très particulière puisque le Palais de Chaillot fait partie des sites olympiques. Il va se passer beaucoup de choses sur la place du Trocadéro, sur la fontaine de Varsovie. Nous allons proposer un Chaillot Expérience « art et sport » avec notamment un énorme battle piloté par la B-girl Nacera Hurricane. Nous travaillons également sur un projet de grande envergure qui va réunir les 40 acrobates du collectif XY, 30 danseurs du Ballet de l’Opéra de Lyon, et 60 à 70 jeunes chanteurs de la Maîtrise de Radio France à Bondy. Nous allons créer une version augmentée du spectacle Möbius que nous avions co-écrit avec le collectif XY, revisiter ces effets de murmuration inspirés des nuées d’étourneaux qui nourrissent beaucoup mon écriture. Ce spectacle intitulé Möbius Morphosis sera présenté en juillet. En dehors des événements programmatiques, les actions qui ont des vertus sociales, d’attention aux plus vulnérables, me tiennent particulièrement à cœur. Je pense en premier lieu aux Chaillot Colo qui sont des séjours d’immersion artistique qui s’adressent aux jeunes qui n’ont pas la chance de pouvoir partir en vacances. Nous leur proposons des ateliers de pratiques physiques qui les amènent à porter une attention fine à leur corps, à une découverte d’eux-mêmes. Nous en avons fait dans les Outre-mer, en Seine-Saint-Denis, au Rwanda avec notre artiste associée Dorothée Munyaneza, à Chaillot, et, à chaque fois, les jeunes sortent transformés par cette expérience.
Propos recueillis par Delphine Baffour
Tél. 01 53 65 30 00.
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