Pascal Bertin dévoile les grandes lignes de la saison autour des voix multiples du Baroque anglais

Pourquoi avoir choisi l’Angleterre comme thématique ?

Pascal Bertin : Notre programmation s’articule autour d’anniversaires et commémorations – pour 2023-2024, les 400 ans de la mort de Byrd et de Weelkes, le tricentenaire d’Abel et de la création à Londres de trois opéras de Haendel, avec la Grande-Bretagne comme point commun. C’est une manière de remettre à l’honneur la musique anglaise, mais aussi de revoir des jeunes ensembles, comme Près de votre oreille, venu il y a deux ans, qui fera redécouvrir William Lawes. Le Consort ressuscitera des sonates en trio inédites d’une mystérieuse Miss Philharmonica du début du XVIIIe siècle. Deux concerts feront revivre la prononciation historique de l’anglais : l’ensemble William Byrd, l’un des pionniers dans ce domaine, donnera un concert caritatif, De Noël à Pâques, et Emmanuelle de Negri distillera un Purcell intime avec Brice Sailly.

Quels sont les axes de votre soutien à la nouvelle génération ?

P.B. : Pour la deuxième année de leur résidence, Camille Delaforge et Il Caravaggio joueront un panorama européen d’histoires sacrées autour de l’oratorio de Purcell The Witch of Endor, et ils accompagneront la troisième édition de l’Académie Baroque, avec les professeurs de musique ancienne du CRR – une ouverture pédagogique que l’on retrouve avec les étudiants du Conservatoire de Paris dirigés par Hugo Reyne.

« Le Baroque n’est pas qu’une époque. »

Comment tissez-vous les croisements et hybridations dans votre programmation ?

P.B. : L’ouverture avec Les Corsaires d’Elizabeth par l’ensemble L’Achéron restitue le mélange de musique sacrée et chants profanes dans la marine élisabéthaine. Tragic Handelian Figures réunit deux générations : le chef emblématique Christophe Rousset et la jeune soprano Apolline Raï-Westphal. L’époque de Shakespeare sera évoquée dans le concert a capella de Vox Luminis, et dans une spatialisation théâtrale de l’ensemble Les Timbres. La dimension scénique sera à l’œuvre dans le cabinet de curiosités Dreams proposé par Damien Guillon et le Banquet Céleste, qui donneront également un concert d’Odes de Purcell, ainsi que dans la mise en scène de Louise Moaty du Requiem de Mozart par le Quatuor Debussy. La danse sera au rendez-vous avec Bruno Benne et sa compagnie Beaux-Champs, qui mettront le baroque des Water Music de Haendel à l’heure contemporaine.

Quelles ouvertures proposez-vous au-delà du répertoire baroque ?

P.B. : Le Baroque n’est pas qu’une époque. Giordani, que l’on entendra à Mongeroult, est une figure de transition vers l’ère classique. La claveciniste Violaine Cochard et le pianiste de jazz Edouard Ferlet mêleront leurs claviers. L’ensemble Céladon jettera des passerelles entre la musique anglaise de la Renaissance et celle d’aujourd’hui. Impossible d’évoquer la Grande-Bretagne sans les mélodies des Beatles, que le duo Ma p’tite chanson s’appropriera avec accordéon et ukulélé. Il y aura également un parcours autour de l’impressionnisme, avec une évocation de Misia Sert par Julie Depardieu.

Propos recueillis par Gilles Charlassier