Muriel Mayette-Holtz déploie son projet d’un théâtre visionnaire

« Après une première saison marquée par la nouveauté, nous allons pouvoir cette année déployer pleinement notre projet avec davantage de sérénité. Suite à la fermeture de l’ex-bâtiment du CDN, deux nouvelles salles ont été inaugurées au printemps dernier. Les Franciscains, admirable écrin au cœur du Vieux-Nice dans une ancienne église du XIIIe siècle, a séduit les artistes autant que le public, et La Cuisine, à l’Ouest de Nice, a aussi conquis son public, qui apprécie son accès facile avec tramway ou parking. On pourra y découvrir une grande diversité de propositions, en théâtre, mais aussi danse et cirque, avec par exemple La Machine de cirque, Angelin Preljocaj, Miet Warlop, et de grandes formes comme les spectacles de Valérie Lesort et Christian Heck ou de David Lescot. Finalement, le bouleversement des habitudes a laissé place à de nouvelles perspectives, plurielles et ouvertes. Nous avons désormais la chance de pouvoir proposer les beaux jours venant des œuvres à ciel ouvert dans les sublimes Arènes de Cimiez, haut-lieu patrimonial niçois.

Mutualisation des forces 

J’y ai présenté Le Préjugé vaincu de Marivaux en juin dernier, qui est ensuite parti en tournée gratuitement sur le territoire, et nous allons l’été prochain y proposer un Festival de tragédies, un rendez-vous des larmes pour magnifier nos chagrins. J’y créerai une version de Phèdre condensée, dans l’esprit de ma mise en scène de Bérénice, qui a éludé sa dimension historique afin de faire résonner la tragédie au présent. Cette initiative s’inscrit dans notre ambition de mettre en forme chaque saison un voyage artistique autour de l’Europe de la Méditerranée. Enfin, se profile pour l’avenir au Palais des Expositions une autre salle, encore à l’étude, que je souhaite plus contemporaine sur le modèle de la Schaubühne à Berlin. Parmi les nouveautés de cette saison 2023-2024 s’affirme un partenariat avec l’Opéra de Nice qui me tient à cœur. Il me semble aujourd’hui essentiel d’accentuer la mutualisation de nos forces, d’exploiter davantage les spectacles. D’une manière générale, je défends un théâtre généreux, exigeant, accessible, en prise directe avec la vie, qui permet de créer avec les publics des liens de confiance mais aussi de faire grandir la curiosité, le désir d’inconnu. »

Propos recueillis par Agnès Santi