Louise Vanneste arpente « Mossy Eye Moor », lande pleine de secrets

D’où vient ce titre Mossy Eye Moor ?

Louise Vanneste : J’aime bien la consonance de Mossy qui évoque de petits êtres mythiques à la Miyazaki. En français, ça se traduit par La lande aux yeux moussus. Mais au-delà du sens, je m’intéresse à l’aspect des mots. EYE crée une sorte de symétrie, de réversibilité, et divise en deux le titre. Moor, c’est le territoire, le lieu, la surface à habiter. Pour moi le travail littéraire vient prolonger, déformer, remettre en jeu le travail chorégraphique. Ma pratique est transdisciplinaire, et le corps humain un point de cristallisation.

« Le travail littéraire vient prolonger, déformer, remettre en jeu le travail chorégraphique. »

Vous parlez d’êtres hybrides. Quelle est donc cette hybridation ?

L.V. : Je me suis intéressée aux phénomènes géologiques, tels que l’érosion, et plus spécifiquement au métamorphisme des roches, soit leur transformation au cours d’un cycle ou par la combustion. J’explore avec cinq interprètes ce que la pression ou la densité d’une roche à 60 mètres de profondeur peuvent générer de chaleur, de force, de présence… et je les incite à approcher ces éléments minéraux via leur aspect sensoriel, en évoquant des souvenirs, un imaginaire, l’invention d’une histoire.

Comment exprimez-vous ces métamorphoses ?

L.V. : Je travaille avec l’artiste plasticien Kasper Bosmans et nous avons choisi quelques éléments non-humains de ses œuvres. Le travail sonore est un aspect clé de la pièce, avec un éclatement qui vient tricoter le son et la chorégraphie ensemble. Enfin, l’importance de la littérature et du travail d’écriture dans mon projet est capitale. Il y aura des textes projetés, dits, que j’ai pour la plupart écrits.

Propos recueillis par Agnès Izrine