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Focus -338-Génération Spedidam / L’ ensemble Barrut revitalise le chant en Occitan

L’ensemble Barrut revitalise le chant en Occitan

L’ensemble Barrut revitalise le chant en Occitan - Critique sortie  Paris
Le collectif Barrut @ Mat Caton

Génération Spedidam

Publié le 23 novembre 2025 - N° 338

Composé de trois chanteuses, quatre chanteurs et un percussionniste, ce groupe est un cri de résistance en défense de l’Occitan. Avec son énergie rock, cet ensemble labelisé Génération Spedidam 2025-2027 galvanise les foules. Faisant le choix de textes politiques et poétiques, Barrut défend des valeurs humanistes à travers l’art de la polyphonie. Vecteurs d’une langue régionale revivifiée, leurs chants organiques produisent un son unifié et massif qui leur a conféré une belle notoriété.  

Comme toutes les langues régionales, l’Occitan a été interdit en 1850 pour imposer le Français. Malmené, minorisé, on avait honte de parler ce patois. Il y eut une rupture de transmission dans les familles, et ce sont les trentenaires d’aujourd’hui qui ont relancé la pratique de cette langue, à travers les calandreta, ces écoles bilingues en pédagogie Montessori. Le groupe Barrut s’est formé à l’université. Certains étaient étudiants, d’autres profs ou instituteurs en calandreta. Tous étudiaient l’évolution d’une langue qui se diffusait de plus en plus. L’une des membres de Barrut jouait dans des ensembles brésiliens, deux autres accompagnaient les danses traditionnelles. Ils ont décidé de mettre en commun leur répertoire et de le partager. « On a commencé à se voir une fois par semaine. L’un de nous est tombé sur un poète bilingue qui s’appelle Léon Cordes, un paysan du Minervois. On a mis un poème en musique et l’on s’est pris de passion à chanter en polyphonie. Ça a été un gros bouleversement dans la vie de chacun » souligne Barrut.  Ils écoutaient un groupe de chanteuses qui s’appelait La mal coiffée qui a maintenant une vingtaine d’années et le Cor de la plana à Marseille, un groupe de polyphonie masculin qui a été monté par Manu Théron. C’est en apprenant ensemble que Barrut s’est construit, en adoptant un fonctionnement horizontal sans leader. Depuis six ans, l’ensemble chante ses propres textes qui sont tous très engagés car ses membres défendent les mêmes valeurs. Refusant de mettre en avant les individus, Barrut porte la force du collectif. Barrut a même été appelée « la bête » car ils chantent tous sur les mêmes registres. Le public ressent fortement cette conscience d’unité. « Il y a quelque chose de fraternel dans notre démarche » ajoute Barrut.

La force du collectif

Chacun compose dans son coin et amène le morceau fini au groupe. Une fois dans les mains de Barrut, la couleur peut changer. Les structures restent les mêmes mais c’est par la pratique que les artistes apportent, ensemble, des modifications. En ce moment, ils sont en pleine création d’un spectacle pour le printemps et vont changer leur parc percussif, construisant eux-mêmes leurs instruments. Ayant toujours refusé les correcteurs vocaux, ils sont exigeants sur la justesse et assument aussi les aspérités de la voix. Bien que partant de la tradition, leurs textes évoquent des thèmes actuels : l’écologie, les violences sexuelles, la force collective, le deuil, les demandeurs d’asile qui fuient leur pays…. Parfois, ils présentent leurs chants sur scène pour que le public puisse en comprendre le sens, et dans leurs livrets d’albums figurent leurs textes. « On essaie de faire bouger les choses à notre niveau. La musique parle d’elle-même, elle est de la même couleur que le texte. L’atmosphère passe. » Sur scène, les artistes reçoivent beaucoup d’énergie. Oscillant entre sauvagerie et douceur, la fièvre de leur chant populaire, jamais aseptisé, les galvanise. Ils ont le sens de l’intensité et du dramatique. La masse qu’ils forment sur scène fait vibrer les chanteurs et chanteuses, littéralement « à travers les os ». Forts d’un public intergénérationnel, certains de leurs morceaux sont repris dans toute l’Europe par des chorales de jeunes. S’ils ne pratiquent pas l’improvisation vocale, le degré d’énergie qu’ils transmettent varie de soir en soir, et avec une cinquantaine de dates par an, ils n’ont pas à répéter. Barrut, c’est une révolte brute et tonique. Chaque membre y est l’égal de l’autre. A cappella, ce groupe est fier de porter des pièces vigoureuses et fiévreuses dans des lieux originaux.

 

Philippe Deneuve

A propos de l'événement

L’ensemble Barrut revitalise le chant en Occitan
du samedi 13 décembre 2025 au samedi 13 décembre 2025


Chapiteau turbulent, Esat artistique, 12 Bd de Reims, 75017 Paris Concert le 13 décembre à 20h. www.turbulences.eu

Le Carreau du Temple, 4 rue Eugène Spuller, 75004 Paris. Planète Ocora, live en public le 15 décembre à 19h30. www.lecarreaudutemple.eu

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