Le poète Marc Blanchet et la metteuse en scène Hélène François créent « Une vraie vie de poète »

Comment pourriez-vous définir ce qu’est, pour vous, la poésie ?

Hélène François : Pour moi, c’est l’art d’apprendre à parler quand on sait déjà parler, l’art de trouver le sens des mots pour soi, d’utiliser le langage différemment. Ce qui revient à dire que la poésie est, sans doute, le niveau le plus essentiel de l’écriture.

Marc Blanchet : En posant cette question, vous posez finalement la problématique du spectacle. La poésie est liée à quelque chose de très singulier : le langage. Si la poésie est la perception accrue du monde, via le langage, elle permet de requalifier ce qui nous entoure, qu’il s’agisse ou non de la réalité.

C’est ce que vous faites dans Une vraie vie de poète…

M.B. : Oui, en montant sur scène dans ce spectacle, avec à la fois franchise et distance, je nomme les choses pour avoir accès à ce que peut être le langage poétique. La poésie nous implique tous, on la pratique d’une certaine manière à notre insu, en traduisant ce à quoi l’on pense de façon imagée. C’est d’ailleurs le propre de l’humain. Il est pour moi ainsi très difficile de séparer la poésie de l’humain.

« La poésie nous implique tous, on la pratique (…) à notre insu. »

H.F. : Il est également très difficile de séparer la poésie de l’apprentissage du langage. Quand on écrit de la poésie, c’est comme si on nommait pour la première fois quelque chose, de façon unique et personnelle. On le fait alors apparaître comme les autres ne l’avaient encore jamais vu.

De quoi est né ce spectacle ?

M.B. : De mon envie de partager, sur un plateau de théâtre, mon histoire de poète, mais aussi mon amour de la poésie. Pour concrétiser cette envie, Damien Godet, le directeur de la Scène nationale du Sud-Aquitain, m’a mis en relation avec Hélène, qui est devenue co-autrice du spectacle. L’évidence d’un travail à deux voix, à quatre mains, s’est imposée à nous. Nous nous sommes dit qu’Une vraie vie de poète devait être un spectacle tout-terrain, adressé à toutes et à tous, qui donne corps à une réjouissance de la parole.

H.F. : Lorsque j’ai rencontré Marc, ce qui m’a interpellé en premier lieu, c’est vraiment sa spontanéité, sa singularité, le fait qu’il soit quelqu’un de très drôle. Il m’a semblé très important de donner à voir et entendre ce côté décalé et irrévérencieux. Car c’est lui, à travers sa drôlerie et sa culture classique, qui nous guide dans sa poésie, comme dans l’histoire de la poésie.

Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat