La Tétralogie : quatre visages d’un seul cœur
Transformer le temps, transformer la chute, [...]
Face à la destruction, elles font œuvre de création et de transformation : l’amoureuse Nane Beauregard, la joueuse de tennis Marion Bartoli, l’anthropologue Nastassja Martin et la cinéaste Marceline Loridan-Ivens sont les héroïnes des spectacles de la tétralogie composée par l’actrice et metteuse en scène Laure Werckmann. Ces quatre portraits sont à l’honneur du festival Scènes d’automne en Alsace, porté par six scènes majeures du Grand-Est.
Comment ce projet de tétralogie est-il né ?
Laure Werckmann : Il est né avec le désir de créer des nouveaux personnages féminins pour le théâtre. Suite à de longs compagnonnages je suis rentrée sur mes terres, à Strasbourg, où j’ai créé en 2019 la Compagnie Lucie Warrant. Avant de débuter ce travail, j’ai été comédienne pendant 25 ans, ce qui a infléchi ma manière de faire et aiguisé mon désir d’explorer la place de l’interprète comme sujet, garant et bâtisseur de l’espace scénique. Après le succès avignonnais de J’aime en 2023, j’ai créé Renaître et Croire aux fauves en 2024-25. Cette tétralogie fait le portrait de quatre héroïnes qui font face à une épreuve, une tragédie, et la transforment en objet de création.
Quid de L’Amour après, créé cette année ?
L.W. : Dans son ultime récit, écrit avec Judith Perrignon, Marceline Loridan-Ivens s’appuie sur sa trajectoire de rescapée pour parler de l’amour après les camps et de la manière dont la déportation a orienté ses relations et sa capacité à aimer. À 87 ans, alors qu’elle perd la vue brutalement et veut mettre fin à ses jours, elle retrouve du désir en relisant sa correspondance. Marceline parle de tout sans complexe ni jugement moral. Comme les autres femmes de la tétralogie, elle donne de l’élan, parce qu’elle prouve qu’on peut ne pas mourir de son audace. Ce n’est pas tant que ces femmes n’ont pas peur : elle ont eu très peur mais l’horreur ne les a pas arrêtées.
Avec qui menez-vous cette aventure ?
L.W. : J’ai voulu travailler sur l’hétérogénéité : des formes, des dispositifs, des économies, des gestes de mise en scène. Une intention les relie : le théâtre du peu, un théâtre à portée de main, dans le creux de nos paumes, qui ne renonce pas au spectaculaire. L’ensemble se construit avec des collaborateurs doués et fidèles : Philippe Berthomé à la lumière, Angéline Croissant à la scénographie, Pauline Kieffer et Benjamin Moreau aux costumes, Cécile Kretschmar aux perruques, Olivier Mellano à la musique, Cyrille Siffer et Zélie Champeau aux régies, Noémie Rosenblatt à l’assistanat, Alexandra Puilllandre à la production. Chaque portrait est une conversation entre une actrice et un plateau, qui renouvelle le processus en en conservant la grammaire. Le photographe Adrien Berthet nous accompagne et prépare une exposition sur la tétralogie.
Focus réalisé par Catherine Robert
Tél. : 03 89 24 31 78.
L'amour après à La Filature de Mulhouse, le 7 octobre à 20h et le 8 à 19h et à La Coupole, à Saint-Louis, le 10 octobre à 14h15 et 20h.
J'aime au Théâtre du Jura de Delémont (Suisse), le 12 octobre à 17h.
Renaître à l’Espace 110 d’Illzach, sur le court de tennis de la ville, les 10 et 11 octobre à 20h, et dans le cadre de la Filature Nomade, entre le 17 et le 28 octobre dans 10 villes autour de Mulhouse.
Croire aux fauves à la Comédie de Colmar – CDN, le 14 octobre à 19h et le 15 à 20h.