Roméo et Juliette
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Focus -257-TKM ~ Théâtre Kléber Méleau
Connu pour sa liberté d’approche des classiques, notamment de Shakespeare, Dan Jemmett s’aventure du côté de l’extrême contrainte avec La Dernière Bande de Beckett. Avec Omar Porras dans le rôle de Krapp.
Monter La Dernière Bande répond-t-il pour vous à un désir d’adopter une posture nouvelle de metteur en scène, davantage dans l’ombre de l’auteur qu’à votre habitude ?
Dan Jemmett : Mon goût pour cette pièce a d’abord des motifs très personnels : mon père, qui était acteur, l’aimait tant que j’aurais rêvé de le mettre en scène dans le rôle de Krapp. Ça n’a hélas pas pu se faire. Malgré ma grande admiration pour ce texte beau et profond, j’ai par la suite mis La Dernière Bande de côté. Ayant commencé le théâtre avec les pièces de Heiner Müller, qui offrent au metteur en scène une grande liberté, je ne me voyais pas me confronter à une écriture aussi contraignante que celle de Beckett. Aujourd’hui, je me sens prêt.
Votre rencontre avec Omar Porras a aussi été déterminante dans ce projet.
D.J : En effet. L’approche du clown et du masque qu’a développée Omar Porras en tant que comédien et metteur en scène me semble idéale pour aborder La Dernière Bande. Entre traditions occidentale et orientale, il a développé une synthèse originale que j’ai très envie de mettre au service de Beckett.
« Pour moi, Krapp est un clown postmoderne. »
À aucun moment Beckett ne décrit Krapp comme étant un clown. Est-ce là une liberté que vous prenez par rapport au texte ?
D.J : Avec son nez rouge, ses bottes blanches qui font du « 48 au moins », son pantalon trop court et sa manière de glisser sur une banane, Krapp a toutes les caractéristiques du clown. Le fait qu’il ne soit pas désigné ainsi ajoute à la complexité du personnage. Son nez rouge, par exemple, peut ainsi être lié à l’alcool. Pour moi, Krapp est un clown postmoderne.
Vous comptez donc être parfaitement fidèle à Beckett ?
D.J : Je crois que le sens de la pièce ne se révèle que dans une grande fidélité. Moi qui ai monté de nombreux opéras, je vois dans La Dernière Bande une écriture à la précision opératique, qui doit être respectée. Ce qui ne veut pas dire que je renonce à toute liberté. Je crois que c’est dans le rapport à l’acteur qu’un metteur en scène travaillant sur ce texte peut trouver à développer une matière personnelle, ainsi que dans ce que Beckett ne dit pas.
Propos recueillis par Anaïs Heluin
Tél : +41 21 625 84 29. www.tkm.ch
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