Iphigénie en Tauride, premier opéra en scène pour Le Consort

Au-delà du noyau chambriste, mis en avant dans le concert anniversaire à la salle Gaveau, Le Consort est un collectif qui s’élargit au fil des rencontres et des projets. Le travail orchestral et l’accompagnement concertant que la formation réalise depuis plusieurs années, par exemple dans Vivaldi, trouvent un prolongement avec sa première participation à une production scénique. Pour Théotime Langlois de Swarte, « c’est une nouvelle étape pour l’ensemble. Après avoir beaucoup pratiqué le récital avec voix, l’opéra permet d’aborder un autre rapport à la narration musicale, plus développée. Même au sein d’un effectif d’une cinquantaine de musiciens, les individualités solistes du Consort gardent un rôle moteur, comme la violoniste Sophie de Bardonnèche ou la violoncelliste Hanna Salzenstein. »

Deux chefs et une vision partagée

Créée en 1779, Iphigénie en Tauride de Gluck revient, un siècle après l’invention de la tragédie lyrique, à une dramaturgie proche de Lully. « Dans ce répertoire, la rhétorique de la déclamation est primordiale. La couleur de chaque mot doit être nuancée en fonction du contexte, de la situation théâtrale et des intentions du personnage. » À l’Opéra-Comique, les pupitres du Consort joueront sur un diapason à 392, celui qui, à l’époque donné par le hautboïste, était en usage à l’Académie royale de musique de Paris. « Cela donne un côté moins brillant et plus dramatique aux tessitures vocales. » Théotime Langlois de Swarte fait ses débuts en fosse, en alternance avec Louis Langrée, qui a déjà dirigé l’ouvrage au Metropolitan Opera à New York, mais jamais sur instruments anciens. L’interprétation commune s’enrichit ainsi de l’expérience d’un chef aguerri sur les scènes lyriques et d’un jeune expert dans la musique baroque.

Gilles Charlassier