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Focus -313-Le Centre Chorégraphique National de Grenoble élargit les possibles
Une vision très large de ce qu’est un projet chorégraphique en création, une irrigation directe auprès des publics… Yannick Hugron et Aina Alegre nous parlent de leur projet.
Vous êtes une chorégraphe et un danseur-interprète, et votre projet valorise la notion de métier, et même d’artisanat. Que signifie cette idée appliquée à la danse ?
Yannick Hugron : Dans cette notion, il y a l’idée de labeur, de fabrication : œuvrer, triturer les choses, déconstruire. C’est avec ce regard-là que nous considérons le milieu de l’art chorégraphique.
Aina Alegre : La première réflexion a été de dire que ces lieux nous appartiennent, non pas dans le sens d’un rapport de possession, mais parce que ce sont des lieux où l’on passe énormément de temps à créer. Il s’agit de les offrir pleinement aux artistes, aux chorégraphes, mais aussi à tous les métiers qui œuvrent à la chorégraphie, en faisant vivre tous azimuts cette notion de fabrique, de labeur, en cultivant l’envie de donner un peu plus de visibilité et d’espace à toutes ces pratiques autour de l’art chorégraphique.
Comment cela va-t-il prendre forme ?
Y.H. : D’abord avec le choix des artistes associés. Le prochain artiste associé sera ainsi l’artiste visuel et créateur lumière Jan Fedinger. Ensuite, les choix des accueils-studio et des artistes que l’on va accompagner s’avèrent plus transdisciplinaires et mettent en lumière des aspects de l’art chorégraphique autres que le seul mouvement. La rencontre avec les publics affirme aussi cette dimension, lors des open studios, de moments éclairant davantage ce qui se fabrique en parallèle de la construction chorégraphique et de l’élaboration du mouvement, à travers le travail sur le costume, la dramaturgie, le son… Cela afin de rendre les choses horizontales, de déployer un peu plus un projet chorégraphique dans son entièreté.
A.A. : Il y a quelque chose à inventer avec les artistes qui vont rejoindre le CCN. À travers leurs projets artistiques en création, nous pouvons réfléchir aux activités de formation, de médiation qui vont en découler. Il s’agit de construire une relation avec les publics en lien direct avec une création en train de se faire.
Comment prenez-vous en compte les spécificités du territoire, et quel est le lien avec les autres acteurs culturels ?
Y.H. : Nous avons bien identifié la richesse de la métropole grenobloise en termes de structures culturelles. Ce qui nous intéresse, c’est de créer un réseau de partenariats, de co-fabriquer, de faire un travail de maillage, que ce soit en médiation, comme par exemple auprès de jeunes avec le lieu de musiques actuelles La Belle Électrique sur la relation musique et corps, ou avec l’Impact Festival pour élaborer avec elles des programmations.
A.A. : J’ai été très attirée par ce territoire, dans ses rapports au corps bien différents du fait de sa géographie montagnarde et rurale. Il y a à Grenoble une grande diversité de structures pour la danse comme la MC2, la Rampe, l’Hexagone, le Pacifique, et nous allons pouvoir tisser des choses ensemble. Le fait que le CCN soit situé à l’intérieur de la MC2 nous invite à muscler la différence entre nous, entre un lieu avec des studios de travail et un autre pour la diffusion de grands projets.
Que raconte votre binôme des maisons que sont les CCN ?
Y.H. : Lorsqu’Aina m’a proposé de penser ensemble un projet, je faisais déjà le constat de la difficulté des chorégraphes d’y déployer pleinement leur travail chorégraphique, tout en répondant aux missions qui étaient venues se déposer au fur et à mesure des années. La mise en valeur des capacités des interprètes à mener ces missions a été pour moi quelque chose à activer. Dès lors, j’ai vu une évidence à y aller, à repenser le modèle de codirection en ouvrant la porte à des possibles encore plus larges. Nous essayons de sortir de ce besoin de répondre aux missions pour toujours penser les choses en termes de projet artistique.
Propos recueillis par Nathalie Yokel
Tél : 04 76 00 79 78.
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