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Focus -303-Les festivals Karavel et Kalypso continuent de surprendre et de réinventer le hip-hop
À la tête du CCN de Créteil et du Val-de-Marne depuis 13 ans, Mourad Merzouki quittera ses fonctions à la fin de cette année 2022. Ces éditions des festivals Karavel et Kalypso sont l’occasion pour le chorégraphe de revenir sur une vingtaine d’années de créations, de soutien aux artistes et de rencontres.
Comment avez-vous pensé ces éditions anniversaires ?
M.M : Dans la lignée de toutes ces années de festival, à savoir un festival de partage, qui met à l’honneur à la fois les jeunes compagnies et celles déjà identifiées. Mais c’est aussi un moment particulier, et je souhaitais une programmation qui revienne sur mon écriture, mon répertoire, afin de faire découvrir au public le cheminement que j’ai emprunté.
Quel bilan faites-vous de ces années d’action et de danse ?
M.M : C’est d’abord beaucoup de fierté d’évoquer 15 et 10 ans de festival. Qui l’eût cru ? De voir que, parmi les artistes venus aux festivals, certains sont aujourd’hui associés à de grands théâtres, signifie que nous avons été un tremplin pour eux. J’en suis heureux et fier. De voir aussi que nous sommes passés de quelques représentations à plus de cent, que les deux festivals irriguent les territoires d’Île-de-France et d’Auvergne-Rhône-Alpes, est également une fierté. Je me sens d’une certaine manière passeur, et je contribue, avec d’autres, à ce que le hip-hop continue de surprendre, de se réinventer, d’exister.
Comment ce travail de tremplin se traduit-il dans ces éditions de Karavel et Kalypso ?
M.M : On crée des rendez-vous qui permettent d’accueillir des extraits de spectacles, des projets en cours, de donner la parole aux artistes auprès de professionnels. Tous ces rendez-vous sont précieux pour les jeunes compagnies. Les soirées Nouvelle Scène et Carte Blanche sont par exemple des moyens de laisser plus de place à un artiste dans le festival. Il y a également le désir de créer des passerelles entre Karavel et Kalypso. Une compagnie d’Île-de-France n’est pas toujours repérée à l’échelle nationale, et présenter son spectacle en Auvergne-Rhône-Alpes est un moyen de le faire découvrir à un autre public. On sait aussi que les créations suscitent un intérêt particulier, et cette année quatre créations sont au programme, par les compagnies Madoki, Chriki’Z, Karthala, et moi-même avec Phénix, un projet qui mêle danse et musique baroque, en collaboration avec le festival d’Ambronay, qui m’a sollicité. Ce sera une forme très légère avec quatre danseurs et une musicienne star dans la musique baroque, Lucile Boulanger, qui joue de la viole de gambe.
Vous mettez à l’honneur deux disciplines, l’électro et le waacking. Quelle place leur donnez-vous ?
M.M : Il existe des techniques, des fondamentaux, mais d’année en année le hip-hop s’enrichit. Quand je vois des danseurs de waacking, d’électro, de krump, je ressens une générosité, une rage, un désir d’exister. Je trouve intéressant de donner un espace de visibilité à ces danseurs qui pourraient rester dans l’ombre s’il n’y avait pas ce temps-là avec le public et les médias. Cette année, nous accueillons par exemple Josépha Madoki, une référence dans le waacking, et la compagnie Mazelfreten avec Rave Lucid, hommage à la danse électro.
Quelle suite pour Karavel et Kalypso après votre départ du CCN de Créteil ?
M.M : Je continue à faire évoluer Karavel en Auvergne-Rhône-Alpes. Pour Kalypso, je réfléchis à la suite à donner. Il existe un fort intérêt des théâtres pour l’accueillir, le public souhaite aussi qu’il continue. Ce sont des festivals singuliers, permettant aux compagnies d’être diffusées. J’espère que les partenaires publics prendront cet aspect en compte afin de faire exister Kalypso dans les années à venir.
Entretien réalisé par Louise Chevillard
Karavel : 23 septembre - 23 octobre dans 22 villes d’Auvergne-Rhône-Alpes
Kalypso : 5 novembre - 16 décembre dans 26 villes d’Île-de-France
Dans le cadre de la soirée Nouvelle Scène, [...]