Delphine Hecquet a écrit et met en scène « Requiem pour les vivants »

Quelle est votre relation au territoire sud-aquitain ?

Delphine Hecquet : Je suis originaire d’une famille de viticulteurs bordelais, et ma belle-famille vient du Pays Basque. C’est une région avec une identité culturelle forte, qui possède une langue et des fêtes spécifiques… C’est un des rares endroits en France où on chante encore beaucoup, ensemble, en chœur, par exemple pour accompagner les bêtes aux pâturages. J’ai découvert le territoire notamment via un atelier d’écriture que j’ai mené l’an dernier en territoire souletin, qui est une zone dépourvue de salles de spectacle. J’ai demandé aux participants d’écrire sur un lieu qui leur était cher, public ou intime, puis de procéder à des réécritures imaginaires à partir des divers textes. Ça a donné des résultats sublimes, qui ont été l’occasion pour moi de questionner mes processus d’écriture. C’est aussi ça pour moi être artiste compagnon : me nourrir, me réinterroger via ce type d’expériences.

« Je suis attirée par les situations fortes et la puissance des images scéniques. »

Comment ce compagnonnage se traduit-il ?

D.H. : Damien Godet est une personne ressource, capable de  conseiller, de trouver les bons interlocuteurs, de faire grandir les spectacles. Il ne fonctionne pas seulement au coup de cœur pour programmer des artistes mais dans une démarche plus globale, choisissant par exemple cette thématique de l’habitat qui guide la Scène nationale depuis 2 ans. Un artiste a besoin de réaliser qu’on lui fait confiance, qu’on lui donne même la possibilité de se tromper, a besoin en retour d’agir pour le lieu. Nous avons diffusé ici Nos solitudes, explorant les voix intérieures d’une famille, et Parloir, qui confronte une fille et sa mère qui a tué son mari, répété et créé Requiem pour les vivants cette année. Mes spectacles sont souvent habités par l’idée du vide et de la mort. Je suis attirée par les situations fortes et la puissance des images scéniques.

Propos recueillis par Eric Demey