Clément Aubert, Romain Cottard et Paul Jeanson présentent « La Disparition » et « Futur »

Vous racontez construire vos spectacles avec le public, comment procédez-vous ?

Romain Cottard : Dès le premier jour nous ouvrons nos répétitions au public pour des séances de trois à quatre heures de travail, afin de tester les dispositifs qu’on met en place. Les spectateurs nous servent de troisième œil sur ce qu’on crée, et cela allonge les temps de rencontre avec le public qui dans l’économie actuelle du théâtre se font de plus en plus courts. Pour La Disparition, nous avons voulu mettre chaque spectateur en présence de son enfant intérieur. Le spectacle raconte la disparition d’un enfant à l’occasion d’un de nos spectacles. Il est présenté comme vrai et faux à la fois, ce qui crée un trouble générant chez chacun un voyage dans sa psyché. Les répétitions nous ont permis de voir ce qui fonctionnait ou pas, d’être interactif de manière appropriée.

« On a tous les trois pour habitude d’écrire à l’os, dans une parole adressée. »

Et pour Futur ?

R.C. : Dans Futur, la moitié du spectacle se déroule en audio, via nos doubles qui s’adressent à nous depuis un futur où tout va bien. Nous avions envie d’un spectacle positif, joyeux, pour prendre le contre-pied de l’atmosphère anxiogène que génère la question environnementale. On se retrouve dans une sorte de nature sauvage et, avec le public, on cherche à rencontrer une créature permettant d’accéder à ce futur désirable. C’est une métaphore de notre rapport à l’altérité, inspirée notamment par les écrits de Donna Haraway ou de Baptiste Morizot.

Écrivez-vous vos spectacles au plateau ?

R.C :  Clément Aubert, Paul Jeanson et moi, qui avons fondé le Groupe Fantôme, venons de la compagnie des Sans Cou, où l’on procédait ainsi. Aujourd’hui on part d’une thématique, on se documente, on écrit, puis on commence les répétitions. Chacun arrive avec sa partition, suivie d’une forme d’homogénéisation. On a tous les trois pour habitude d’écrire à l’os, dans une parole adressée. L’esthétique vient ensuite du fond du spectacle et des interactions créées.

Propos recueillis par Eric Demey