Un accompagnement pluriel et fédérateur du secteur musical, entretien avec Ludovica Marsili
Ludovica Marsili, responsable du mécénat [...]
Focus -336-La Caisse des Dépôts, un mécène pour que la musique résonne dans les territoires
De Vannes à Grenoble, l’art lyrique ouvre les portes des scènes nationales. Une diffusion à l’échelle de tout le territoire rendue possible par l’action conjointe des théâtres de la co[opéra]tive, dont la Caisse des Dépôts est le mécène principal, qui invite cette année à redécouvrir Cendrillon de Pauline Viardot, créée en 1904.
La co[opéra]tive est née de la volonté de quatre théâtres (les scènes nationales de Quimper, Dunkerque et Besançon ainsi que le Théâtre Impérial de Compiègne) de mettre leurs forces en commun pour proposer et diffuser des ouvrages lyriques sur l’ensemble du territoire. Saluée dès la première production – des Noces de Figaro mises en scène par Galin Stoev –, la démarche a valu aux scènes associées de recevoir en 2024 le Prix de la meilleure initiative pour la diffusion musicale décerné par le Syndicat de la Critique. Il faut dire qu’en dix années d’existence, la co[opéra]tive a cumulé plus de 300 représentations pour une dizaine de projets lyriques couvrant un vaste répertoire, du baroque à la création contemporaine. Rinaldo de Haendel tournait encore cet été dans la mise en scène de Claire Dancoisne, avec Le Caravansérail de Bertrand Cuiller, sept ans après la première ; et Les Ailes du désir d’Othman Louati, créées en 2023 à Dunkerque avec la soprano Marie-Laure Garnier, poursuivront leur vol en février prochain à Clermont-Ferrand et à l’Athénée à Paris. Le Théâtre Sénart a rejoint l’an dernier l’équipe de la co[opéra]tive et accueillera le 5 novembre la première d’une nouvelle production appelée à circuler de scène en scène tout au long de la saison : 73 dates sont prévues à ce jour, bien au-delà des six théâtres partenaires. Pour Caroline Simpson Smith, sa directrice, cela s’inscrit pleinement dans le projet et les missions du théâtre : proposer au public, y compris en dehors des grandes métropoles, une offre culturelle de qualité et diversifiée.
« L’opéra devient quelque chose de simple, d’accessible »
« Nous avons au Théâtre Sénart une programmation musicale assez développée, précise-t-elle. Mais il est extrêmement important d’y faire entrer régulièrement l’opéra, qui reste perçu aujourd’hui encore comme un art très codifié. Pour le public, venir voir un opéra au théâtre, qui est un lieu qu’il connaît, est peut-être moins intimidant. Quand nous avons accueilli la saison dernière Le Carnaval de Venise de Campra, il y a eu un véritable engouement. Tout d’un coup, l’opéra devient quelque chose de simple, d’accessible. » Le choix de Cendrillon de Pauline Viardot (1821-1910) pour cette nouvelle production prend part à ce désir de familiarisation de l’opéra. « Cendrillon appartient à notre imaginaire commun, souligne Caroline Simpson Smith. Cela ouvre déjà une porte, en particulier pour le public scolaire qui souvent connaît bien l’histoire ». Le metteur en scène David Lescot, qui a également réécrit le texte parlé (mais pas les parties chantées) partage cet avis et veut jouer avec les attentes du jeune public : « Nous cherchons à ordonner une représentation aux lectures multiples. Qu’elle donne à ressentir la féerie, la drôlerie du récit d’enfance : il faut trouver le moyen, avec ce que permet le théâtre, de faire apparaître un carrosse issu d’une citrouille. Mais cette représentation doit receler une part plus sinueuse, cruelle, complexe, qui réside ici dans la manière dont est évoqué le monde social, les âges de l’existence, le rôle du hasard dans nos vies ». La féerie passe aussi par la musique. La pianiste et directrice musicale Bianca Chillemi se réjouit que cet « opéra de salon » à l’origine accompagné d’un seul piano soit aujourd’hui pourvu d’une orchestration pour petit ensemble due au compositeur Jérémie Arcarche (*1987) pour porter les sept voix réunies – dont la jeune soprano Apolline Raï-Westphal, déjà remarquée dans le Carnaval de Venise, dans le rôle-titre. Les sortilèges peuvent dès lors opérer sur le public.
Jean-Guillaume Lebrun
à 19h30. Tél.: 01 60 34 53 60.
Tournée à Compiègne (14 novembre), Tourcoing (20-22 novembre), Vannes (3-4 décembre), Grenoble (10-12 décembre), Quimper (17-20 décembre), Rennes (27 décembre-6 janvier) puis à Morlaix, Le Havre, Angers, Créteil, Besançon, Nantes, Paris, Le Mans et Dunkerque.
Ludovica Marsili, responsable du mécénat [...]