Armande Sanseverino et Gaël Germain créent « En Pièce Jointe »

« On a tous déjà été dans cette situation de devoir convaincre, plaire ou même séduire. On voulait travailler à partir d’une situation universelle, et on a choisi l’entretien d’embauche. On joue donc un employeur et une candidate. Ce qui nous intéressait dans ce moment, ce sont les non-dits. En l’occurrence ici se noue un rapport de force entre un employeur homme et une candidate femme, et nous avons cherché à traduire cette tension autrement que par les mots. C’est là que le mouvement intervient. L’ambiguïté de la situation est mise en lumière par la dissociation entre le geste et la parole. Nous avons conçu un langage commun et on joue sur les intonations, les syllabes pour rythmer la chorégraphie.

Dénoncer les rapports de force par l’absurde

La parole et le mouvement racontent deux choses différentes et constituent deux couches dramaturgiques distinctes, ce qui donne à la pièce une touche de burlesque. La musique et la caricature donnent un côté cinématographique à ce moment angoissant. On voulait y ajouter un côté absurde, à la frontière entre le réel et la fiction. Pour cela nous n’utilisons qu’une chaise recouverte d’un drap blanc. Dans ce travail, on dénonce les choses de manière non brutale, sans accusation, sans victime identifiée, en pointant la seule situation du rapport de force hiérarchique dans un système dont nous faisons toutes et tous partie. Nous nous attaquons à quelque chose d’universel. Nous sommes dans une tension omniprésente que nous mettons en scène par une gestuelle étriquée. »

Propos recueillis par Louise Chevillard