À la tête des Élancées, Anne Renault a façonné un rendez-vous foisonnant, artistique autant que citoyen
Entretien / Anne Renault
Publié le 20 décembre 2023 - N° 317À la tête des Élancées depuis ses origines, Anne Renault en est l’exigeante tête pensante et le généreux cœur battant. Depuis 1999, elle veille à réchauffer l’hiver de son Sud à travers une programmation qui reflète la diversité de la danse et du cirque contemporain. Son édition de quart de siècle a de quoi satisfaire les 15 000 personnes attendues.
Les Élancées – Festival des arts du geste naissait en 1999 à Istres, au Théâtre de l’Olivier dont vous étiez alors directrice. Il s’étend maintenant sur 6 communes et totalise pas moins de 60 représentations, séances scolaires comprises. Son identité a-t-elle changé ?
Anne Renault : Dès la première édition du festival, cirque contemporain et danse se côtoient dans la programmation. Le Théâtre de l’Olivier ayant le label « Plateau pour la danse », il m’a d’emblée paru évident de faire de ce temps particulier de programmation l’occasion de s’ouvrir à une autre discipline des arts du geste, le cirque, afin de célébrer le corps dans toutes ses expressions. Lorsque le festival devient intercommunal en 2004 et s’étend à Cornillon-Confoux, Fos-sur-Mer, Grans, Miramas et Port Saint Louis du Rhône, il garde la même ligne.
Sur le plan esthétique, cette ligne est très large. Elle va de formes festives à d’autres plus pointues. Pour quelles raisons ?
A.R. : Les Élancées ont vocation à s’adresser à tous, y compris aux plus jeunes. L’organisation de nombreuses séances scolaires et d’ateliers artistiques nous permet d’aller à leur rencontre. Je n’oublierai jamais les premiers ateliers en 1999 avec Thierry Thieu Niang, c’était formidable. Depuis nous n’avons jamais cessé d’inviter de grands noms de la danse et du cirque à faire ce travail. Notre festival se veut rassembleur, le plus profondément possible.
« Notre festival se veut rassembleur, le plus profondément possible »
En 25 ans, vous avez noué d’importantes fidélités avec des artistes. Lesquels pourrons-nous découvrir cette année ?
A.R. : En effet, parce qu’il est précieux pour un spectateur de pouvoir suivre un artiste, j’aime à bâtir des relations sur la durée. C’est le cas avec Nathalie Pernette dont nous pourrons voir cette année L’eau douce, avec Josette Baïz – elle fait partie des artistes régionaux que nous soutenons de longue date –, Les Colporteurs que nous avons invités avant qu’ils soient célèbres, les Québécois du Cirque Eloize ou encore le chorégraphe Philippe Lafeuille… Parmi les nouveaux venus aux Élancées, nous sommes heureux d’accueillir entre autres la jeune Alice Rende, Liam Lelarge et Kim Maro ou encore Le Doux Supplice. Accueillie en partenariat avec Le Citron Jaune – CNAREP, cette dernière compagnie clôturera la belle fête d’ouverture du 10 février entre Istres et Port Saint Louis du Rhône, avec En attendant le grand soir, qui fait danser le public.
Si Les Élancées offrent des moments de fête, elles montrent aussi combien cirque et danse sont connectés à l’époque, et s’emparent de sujets de société.
A.R. : Sur bien des sujets, les artistes ont de l’avance sur le reste de la société. Il est important pour moi de le souligner pendant Les Élancées, à travers la programmation mais aussi avec des tables rondes. Nous en aurons trois cette année, sur le déséquilibre, le consentement et les limites du geste artistique. Le geste peut dire beaucoup, à tous.
Propos recueillis par Anaïs Heluin
A propos de l'événement
Les Élancées – Festival des arts du geste, 25ème éditiondu samedi 10 février 2024 au dimanche 25 février 2024
Tel : 04 42 56 31 88