Théâtre - Entretien

F(l)ammes

F(l)ammes - Critique sortie Théâtre Paris Maison des Métallos


Maison des Métallos / conception et mes Ahmed Madani

F(l)ammes donne à voir et à entendre dix jeunes femmes issues de différentes cités d’Île-de-France. En quoi leur parole se distingue-t-elle de celle des garçons d’Illumination(s), premier volet de votre cycle dédié à la jeunesse des quartiers populaires ?

 Ahmed Madani : Lors des ateliers que j’ai organisés dans les théâtres de région parisienne qui m’ont accueilli en résidence de création, j’ai été frappé par la facilité des jeunes filles rencontrées à dire leur trouble identitaire. Les garçons exprimaient surtout une contestation d’ordre social ; elles disent d’emblée leur sentiment de rejet par l’intime. Cette singularité est le point de départ de F(l)ammes. Si les protagonistes d’Illumination(s) étaient présentés dans leur quotidien professionnel, celles de F(l)ammes sont montrées dans leur sphère privée.

 Si les garçons issus de l’immigration concentrent l’attention médiatique, les filles souffrent au contraire d’invisibilité. En quoi cela marque-t-il l’intime ?

 A.M : Cette invisibilité cache une énergie incroyable. J’ai voulu restituer l’humour et les rires que j’ai découverts lors des ateliers. Ils sont d’autant plus précieux qu’ils sont cachés. Les récits féminins sont aussi traversés par des thèmes absents des paroles masculines : les questions de la langue maternelle et de la transmission, qui traversent le spectacle.

 « J’ai invité mes interprètes à construire leur autoportrait. »

 Quelles sont les parts de réalité et de fiction dans les témoignages qui composent votre pièce ?

 A.M : La source documentaire est centrale dans ce projet. Pour créer un espace véritable de rencontre avec le public et apporter un contrepoint aux représentations dominantes, j’ai invité mes interprètes à construire leur autoportrait et les ai dirigées dans cet exercice. Il était important pour moi qu’elles n’aient eu aucune expérience théâtrale auparavant. J’ai ainsi pu réfléchir à une manière de conserver dans un jeu de type professionnel la spontanéité d’une parole prononcée hors de tout cadre artistique.

 Dans Illumination(s) et Je marche dans la nuit par un chemin mauvais (2013), vous interrogiez le passé colonial franco-algérien. Vous semblez cette fois vous concentrer sur le présent.

 A.M : F(l)ammes aborde en effet la grande Histoire de manière beaucoup plus implicite que ces deux pièces, qui ont été pour moi une étape importante de confrontation avec un passé que j’avais jusque-là refusé d’aborder sur scène. Trop proche. Trop douloureux. Je peux maintenant explorer des approches moins frontales du sujet. Il y a aussi le fait que F(l)ammes se veut complémentaire au premier volet de mon cycle ; il fallait que je trouve un autre angle pour dire la complexité des quartiers qui m’intéressent.

 Propos recueillis par Anaïs Heluin

 

A propos de l'événement


F(l)ammes
du mercredi 16 novembre 2016 au dimanche 4 décembre 2016
Maison des Métallos
94 Rue Jean-Pierre Timbaud, 75011 Paris, France

Du mercredi au samedi à 20h, sauf le jeudi 17 à 14h, le dimanche à 15h. Tel : 01 48 05 88 27.


Théâtre de la Poudrerie, 6 rue Robert Ballanger, 93270 Sevran. Du 4 au 13 novembre à la salle des fêtes. Les 4, 5 et 12 à 20h30, les dimanches 6 et 13 à 15h. Tel : 01 49 36 51 75.


Au Collectif 12 à Mantes-la-Jolie (78) du 8 au 10 décembre. À La Renaissance à Mondeville (14) le 12 janvier 2017. Au Grand T à Nantes (44) du 17 au 24 janvier. Tournée nationale jusqu'en avril 2017.


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