Il y a Jean de La Fontaine, emperruqué, le port haut, tout droit sorti du célèbre portrait peint par Hyacinthe Rigaud. Image vivante d’un livre géant qui s’ouvre et se referme tout au long de la représentation, l’écrivain participe à la narration de ses Fables, revenant à l’occasion sur son rapport à l’écriture, la teneur de ses textes, ses sources d’inspiration… A ses côtés, des figures d’animaux et d’êtres humains apparaissent. Fantaisistes. Hautes en couleur. Un lion, un renard, un âne, un loup, un chien, un lièvre, un pêcheur, une tortue, un corbeau, une cigale, une fourmi, une laitière… Incarnés par Djoudi Dendoune, Xavier Marcheschi, Eric Mariotto et Sonja Mazouz, ces drôles de personnages font renaître des histoires que l’on connaît. Mais aussi d’autres, moins célèbres, que l’on se surprend à découvrir. Ils le font de façon très libre. Très joyeuse. En dehors de toute rigidité scolaire. La dérision chevillée aux mots, aux gestes, aux expressions. S’attachant davantage à l’esprit qu’à la lettre des œuvres de La Fontaine. Se permettant toutes sortes d’écarts et d’inventions.
« Les bienfaits d’une sagesse essentielle »
Car tout a vocation à s’entremêler, dans le spectacle décalé, métissé, conçu par Marjorie Nakache. Les lignes narratives, le jeu des comédiens, les vidéos, les numéros de trapèze, les ombres chinoises, les masques, les marionnettes… Le ton, résolument iconoclaste, fait se côtoyer accents du XVIIème siècle et références du XXIème. Le lièvre rejoint ainsi son descendant Roger Rabbit. Il porte une paire de baskets à semelles lumineuses, que gagnera la tortue à l’issue de sa course. Le slam et le verlan prennent, par endroits, le relai des vers originaux. Mais les morales de ces aventures, elles, ne changent pas. « Utilisant les armes du rire et de la poésie, explique la metteure en scène, nous brossons le portrait de nos travers et de nos ridicules pour nous prodiguer les bienfaits d’une sagesse essentielle. » C’est l’enjeu de cette création destinée à tous les publics (à partir de 9 ans). Sourire et réfléchir à la fois. Repenser notre rapport au monde et aux autres. Nous réapproprier la portée philosophique de ces récits imagés. Comme, par exemple, le « Il se faut entr’aider, c’est la loi de nature », premiers mots de L’Ane et le Chien. Une sagesse essentielle. Assurément.
Manuel Piolat Soleymat
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