Classique / Opéra - Gros Plan

Emmanuel Krivine

Emmanuel Krivine - Critique sortie Classique / Opéra Paris Maison de la Radio


MAISON DE LA RADIO / SYMPHONIQUE

Sa gestique est tout simplement fascinante. Emmanuel Krivine ne dirige pas, il sculpte les sons, les phrasés, les articulations. Ses doigts indiquent mille détails, depuis l’entrée d’un instrument jusqu’à un changement harmonique. Pour autant, n’imaginez pas un chef spectaculaire. Le nouveau directeur musical de l’Orchestre national de France (il prendra officiellement ses fonctions en septembre 2017) a au contraire horreur de tout aspect démonstratif, et ne cherche qu’à donner vie à la musique, en toute liberté (son art du rubato, inégalable !) et sans emphase aucune. Pour cela, il privilégie de plus en plus des tempi relativement enlevés, fruit également de ses années passées avec son ensemble sur instruments anciens, La Chambre philharmonique. Parmi ses répertoires de prédilection figure le répertoire romantique allemand, qu’il a également beaucoup joué dans sa précédente carrière de violoniste, et dont il gomme tous les artifices de la tradition : ses Schubert ne sont jamais mièvres, ses Schumann sonnent équilibrés (à l’opposé des avis critiques sur l’orchestration de ses symphonies) et ses Brahms ne sont jamais lourds.

Gestique libre

Il a également régulièrement montré son attachement à la musique française (au disque, son enregistrement de La Mer de Debussy, avec l’Orchestre philharmonique de Luxembourg, séduit par sa transparence sensible). Avec l’Orchestre national de France, on a aussi envie de l’entendre dans Haydn, dont il fait ressortir tout l’humour espiègle, et dans certaines pièces plus rares de compositeurs parfois oubliés, comme Zemlinsky, qu’il affectionne. Outre les pièces purement orchestrales, Emmanuel Krivine sait aussi être un accompagnateur aux petits soins, suivant à l’extrême les solistes. Il a noué des liens étroits avec une famille de concertistes, comme les pianistes Martha Argerich et Bertrand Chamayou ou la violoniste Julia Fischer. Ce sera le pianiste russe au jeu virtuose et tellurique Denis Matsuev qui partagera l’affiche de son concert de janvier, très attendu à la Maison de la radio. Avec un programme slave, mêlant Rachmaninov et Dvorak : cette Russie et cette Mitteleuropa, chères à son cœur et à ses racines, et dont il transcende l’aspect folklorique pour révéler toute la richesse du discours musical.

 

Jean Lukas

A propos de l'événement


Emmanuel Krivine
du jeudi 12 janvier 2017 au jeudi 12 janvier 2017
Maison de la Radio
116 Avenue du Président Kennedy, 75016 Paris, France

à 20h. Tél. : 01 56 40 15 16.


A lire aussi sur La Terrasse

  • Classique / Opéra - Agenda

Jean-Christophe Spinosi

Le chef de l’Ensemble Matheus dirige les [...]

Le samedi 28 janvier 2017
  • Théâtre - Critique

La femme oiseau

Alain Batis crée La Femme Oiseau pour le [...]

Du lundi 9 janvier 2017 au 1 février 2017
  • Théâtre - Agenda

Leur Odyssée

Sonia Wieder-Atherton est allée à la [...]

Du vendredi 20 janvier 2017 au 22 janvier 2017