Cirque - Critique

ELLE/S de PAULINE BARBOUX et JEANNE RAGU

ELLE/S de PAULINE BARBOUX et JEANNE RAGU - Critique sortie Cirque La Courneuve Parc Georges Valbon


Parc Georges Valbon à La Courneuve/Fratellini

Pour accueillir ce spectacle, le chapiteau accueille une seconde structure, matrice faite de 289 cordes joignant trois anneaux horizontaux, jouxtés de plateformes circulaires transparentes. Au milieu passe la Quadrisse, l’agrès qui fait la signature des deux circassiennes depuis leur sortie de Fratellini : quatre cordes d’escalade unies à leur point d’accroche, chacune étant ramassée à son extrémité basse en une sorte de pelote. C’est l’univers aux lignes simples dans lequel vont évoluer les deux personnages, que l’on découvre, quand les lumières s’allument, lovées dans les bras l’une de l’autre à six mètres de hauteur. On les devine au moins sœurs. Telles les représentantes d’un peuple arboricole, elles évoluent de mille manières dans cet espace aérien : marche au plafond, corde lisse et autres acrobaties sont leur domaine. Les images produites sont belles, surtout quand elles se rapprochent du sol qui est occupé par un grand miroir d’eau.

Fable simple et figures complexes

Ces images sont sublimées par une mise en lumière fine, et par le travail du troisième interprète. Ce dernier est en effet musicien, et à ce titre son accompagnement est remarquable. Il entre aussi en jeu comme élément perturbateur, un terrien qui va provoquer une disruption de la dyade des voltigeuses en incarnant une présence amicale, au sol. La suite ne surprendra pas : confrontation et déchirement, rencontre de l’altérité, recherche d’un nouvel équilibre… La légèreté de cette fable permet de la recommander à de jeunes spectateurs. Pour les moins jeunes, c’est la qualité des images et des évolutions aériennes qui charmera : les deux circassiennes ont développé une manière équilibrée de travailler ensemble, chacune étant à son tour le support des figures tentées par l’autre. Pas de prise de risque spectaculaire ici, mais de la fluidité et de la précision dans les enchaînements, un mouvement lent qui laisse le temps d’apprécier la recherche d’équilibre et l’harmonie des postures. La mise en piste offre enfin de belles trouvailles, dans la construction d’une atmosphère merveilleuse, dans l’utilisation de l’eau comme miroir, et dans l’invention d’un langage commun par le jeu et par la musique. Plaisant autant qu’esthétique.

Mathieu Dochtermann

A propos de l'événement


ELLE/S
du jeudi 22 septembre 2022 au samedi 24 septembre 2022
Parc Georges Valbon
Parc Georges Valbon à La Courneuve

Tel. : 07 81 67 78 91.


A lire aussi sur La Terrasse

  • Danse - Critique

Rone et (La)Horde créent Room with a view : quand la violence du monde heurte la scène

Après l’invitation du Théâtre du Châtelet, [...]

Du mercredi 14 septembre 2022 au 25 septembre 2022
  • Musiques du monde - Agenda

Girma Bèyènè & Akalé Wubé

Retour sur scène de l’association entre le [...]

Le vendredi 23 septembre 2022
  • Théâtre - Agenda

Combat de nègre et de chiens, de Bernard-Marie Koltès, mise en scène de Mathieu Boisliveau

Dans sa mise en scène de Combat de nègre et [...]

Du mardi 4 octobre 2022 au 6 octobre 2022