Théâtre - Critique

Don Quichotte

Don Quichotte - Critique sortie Théâtre


Roman sur les enchantements du roman, sur le pouvoir tératogène ou féérique de l’imagination, sur la capacité qu’a parfois la fiction d’envahir la réalité, Don Quichotte est une gageure à qui veut tâcher d’adapter ses mots à la scène et d’imposer à l’œil ce qui nait dans l’esprit fantaisiste et un peu fol du vaillant chevalier à la quête insensée. Pariant sur le pouvoir évocateur des prouesses circassiennes pour illustrer la capacité d’invention de l’ingénieux hidalgo, Christophe Gauzeran et les siens ont l’intelligence de suggérer plutôt que d’imposer les lubies du héros de Cervantès. Choisissant le texte de Guérin de Bouscal, dramaturge du 17ème siècle qui signe une adaptation très réussie de cette œuvre foisonnante, et sortant ainsi de l’oubli un petit maître qui a tout d’un grand classique, les membres de la compagnie Fahrenheit 451 en proposent une interprétation qui mêle avec bonheur leurs talents de comédiens et d’acrobates.
 
Une farce délurée sur fond de rêverie aérienne
 
 Mouvements d’enroulement de gymnastes en blanc évoquant les ailes des moulins et les bras des géants qu’affronte le gentilhomme de la Manche, trapèzes virevoltants pour suggérer la rapidité maléfique des enchanteurs que le chevalier errant s’invente comme ennemis à pourfendre, cordes lisses, cordes à staff, tissu dans lequel l’amoureux de Dulcinée se tient en suspension entre le sol et son rêve : tous les accessoires du cirque ici utilisés concourent à créer un univers décalé et poétique où se montrent en même temps la puissance de l’imagination et ses effets. Les dix artistes réunis sur scène incarnent tour à tour les vingt-cinq personnages de cette pièce qui adapte la seconde partie du roman de Cervantès et met en scène le retour au réel imposé à Don Quichotte par les siens, complices amusés de sa folie pour mieux en réduire le vertigineux emballement. Alain Carnat et Philippe Beautier campent ensemble un couple maître/valet très crédible et la gaillarde faconde du second répond avec équilibre à la mâle superbe du premier. Tous les membres de cette troupe harmonieuse changent allègrement de tons et de costumes et composent ensemble un spectacle de fort jolie facture.
 
Catherine Robert

Don Quichotte, de Daniel Guérin de Bouscal ; mise en scène de Christophe Gauzeran. Du 3 septembre au 26 octobre 2008. Du mercredi au samedi à 19h ; le dimanche à 15h. Vingtième Théâtre, 7, rue des Plâtrières, 75020 Paris. Réservations au 01 43 66 01 13.

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