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Classique / Opéra - Gros Plan

Diversité de l’opéra contemporain

Diversité de l’opéra contemporain - Critique sortie Classique / Opéra Toulon
L’Opéra de Lyon accueille la création française du troisième opéra de George Benjamin. © Matthew Lloyd

Opéra, temps forts

Publié le 25 septembre 2018 - N° 269

La création lyrique n’a plus l’attrait mondain qu’avaient les premières à l’Opéra de Paris jusqu’à la fin du XIXe siècle, mais la réalisation d’un opéra demeure souvent une consécration ou un aboutissement. Voici trois œuvres nouvelles, trois voies différentes à découvrir au cours de la saison.

L’opéra n’est pas – ou n’est plus – une affaire de spécialistes, comme au temps de Rossini, Meyerbeer ou Ambroise Thomas. Pour autant, quelques compositeurs sont aujourd’hui parvenus à trouver inspiration et succès au fil de leurs ouvrages, tels le Belge Philippe Boesmans ou le Hongrois Peter Eötvös. Le Britannique George Benjamin (né en 1960) les a rejoints comme figure majeure de l’art lyrique international avec le superbe Written on skin, créé en 2012 au Festival d’Aix-en-Provence : une merveille d’opéra travaillé comme une enluminure, où le compositeur déploie une écriture orchestrale inventive, patiemment élaborée au fil des années depuis Ringed by the flat horizon (1980), chef-d’œuvre orchestral de jeunesse. Un autre ingrédient de cette réussite est la collaboration initiée avec l’écrivain Martin Crimp sur un premier opéra de chambre, Into the little hill, en 2006 ; elle se poursuit cette année avec Lessons in Love and Violence, créé à Londres (Covent Garden) en mai dernier, inspiré par le théâtre élisabéthain (Edward II de Marlowe). George Benjamin retrouve également la metteuse en scène Katie Mitchell (et Vicki Mortimer pour les décors et costumes), qui sait si bien confectionner des tableaux scéniques qui vivent avec la musique. Pour la reprise à l’Opéra de Lyon, co-commanditaire, le baryton Stéphane Degout endossera de nouveau le rôle du Roi ; dans la fosse, le compositeur laisse la baguette au jeune Alexandre Bloch.

Économie de moyens

Compositrice dotée d’un vrai tempérament dramatique, Michèle Reverdy a presque toujours choisi, pour ses opéras, de petites formes. Par nécessité sans doute – la commande d’un grand ouvrage est chose assez rare – mais surtout par volonté : un ensemble orchestral ad hoc peut porter sur une œuvre lyrique un éclairage plus aiguisé que le grand orchestre, surtout quand il faut répondre, par exemple, à la concision de l’écriture de Yasushi Inoué, dont Michèle Reverdy a adapté Le Fusil de chasse en 1998. C’est un double « opera buffa de poche », tiré de deux nouvelles des Cosmicomiche d’Italo Calvino, que crée l’Opéra de Toulon, délocalisé pour l’occasion au Liberté. Sept musiciens, trois chanteurs et la verve conjuguée de la compositrice et de l’auteur italien. Faire un opéra, c’est raconter une histoire. À ce jeu-là, et quitte à tenter l’impossible, Gérard Pesson s’était déjà livré avec sa Pastorale, adaptée de L’Astrée d’Honoré d’Urfé. Pour sa nouvelle création, Trois contes, à l’Opéra de Lille, il collabore avec David Lescot, dramaturge sensible et brillant, et tresse « un livre d’images bigarrées et sonores » à partir de contes d’Hans Christian Andersen, Edgar Poe et Lorenza Foschini.

 

Jean-Guillaume Lebrun

A propos de l'événement

Le Cosmicomiche
du mardi 12 mars 2019 au mardi 12 mars 2019


à 20h30. Tél. 04 94 92 70 78.

 

Trois contes, à l’Opéra de Lille. Les 6, 8, 10, 12 et 14 mars 2019. Tél. 03 62 21 21 21.

 

Lessons in Love and Violence, à l’Opéra de Lyon. Du 14 au 26 mai 2019. Tél. 04 69 85 54 54.

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