Théâtre - Critique

Des années 70 à nos jours (triptyque)

Des années 70 à nos jours (triptyque) - Critique sortie Théâtre Paris Théâtre des Abbesses


Théâtre des Abbesses et Théâtre Gérard Philipe / textes de Brecht, Lagarce et du collectif In vitro / mes Julie Deliquet

Au théâtre de Vanves, dont on ne répètera jamais trop l’importance pour les compagnies qualifiées d’émergentes, nous avions manqué le premier épisode du triptyque proposé par le collectif In vitro. La Noce de Brecht était transposée dans les années 70 et installait ce système qui fait style et signe dans le travail du collectif, et se reproduit tout au long du triptyque : le plateau est nu hors des chaises et une longue table autour de laquelle les acteurs jouent la pièce dans un registre qu’on pourrait qualifier d’improvisation fictive. Peu de théâtralité, pas d’entrées et sorties de scène mais un long plan séquence, un parler plutôt quotidien, des vêtements tout aussi années 70 que 2014,  la parole semble circuler naturellement, la pièce s’inventer sous nos yeux. En émane une présence aiguisée des acteurs, en alerte et paraissant jubiler de cette part belle que leur réserve le système de « l’illusion du direct spontané », comme le qualifie le collectif.  Julie Deliquet signe tout de même la mise en scène de chacun des trois épisodes de ce théâtre brut, festif et politique.

Difficile postérité pour ces enfants de soixante-huitards

Nous avons donc vu à Vanves les deux derniers épisodes du triptyque seulement.  Dans Derniers remords avant l’oubli, la musicalité inhérente à l’écriture de Lagarce se fond dans la sincérité, l’enjeu de la situation, une interprétation qui donnent un puissant effet de réel aux retrouvailles que produisent rituellement les pièces du mythique dramaturge français. Continuité thématique : ici comme dans Nous sommes seuls maintenant, il s’agit de s’inventer une vie après que le temps de la jeunesse et des illusions est passé.  Que reste-t-il des utopies soixante-huitardes ?  Le dernier opus, résultat d’une écriture collective, poursuit le questionnement et les discussions s’entrecroisent allègrement autour de la table avec des personnages différents mais des acteurs qui demeurent et jouent près de ce qu’ils sont. S’esquissent des personnalités, des phrasés, une familiarité agréable. La fiction, dans son versant familial – la difficile postérité pour ces enfants  de soixante-huitards comme métaphore de la société actuelle –  n’est pas forcément convaincante. Mais le plaisir demeure à tel point que lors de ce Festival d’Automne, nous comptons bien remonter à la source, boucler la boucle et cette fois-ci être à La Noce.

Eric Demey

A propos de l'événement


La Noce, Derniers remords avant l’oubli et Nous sommes seuls maintenant
du jeudi 18 septembre 2014 au dimanche 12 octobre 2014
Théâtre des Abbesses
31 Rue des Abbesses, 75018 Paris, France

Du 18 au 28 septembre, du mardi au samedi à 19h, dimanche à 15h, relâche le 22 et le 25. Tél.: 01 42 74 22 77. Théâtre Gérard Philipe, 59 Bd Jules Guesde, 93200 St-Denis.  Du 2 au 12 octobre, relâche lundi et mardi. Nous sommes seuls maintenant : les 2, 3, 8, 9, 10 octobre  à 20h30. Intégrale : les 4 et 11 octobre à 16h et les 5 et 12 octobre à 15h. Tél. : 01 48 13 70 00.


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