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Théâtre - Entretien

« Curtain Call ! », premier texte de l’actrice allemande Judith Rosmair, mêle Anna Karénine et autofiction dans un duo avec un musicien

« Curtain Call ! », premier texte de l’actrice allemande Judith Rosmair, mêle Anna Karénine et autofiction dans un duo avec un musicien - Critique sortie Théâtre Paris Théâtre de la Colline
Judith Rosmair autrice et interprète de Curtain Call ! CR : Karin Rocholl

Théâtre de la Colline / Texte de Judith Rosmair/ Mise en scène de Johannes von Matuschka et Judith Rosmair

Publié le 20 décembre 2023 - N° 317

L’actrice allemande Judith Rosmair a joué avec les plus grands metteurs en scène d’outre-Rhin. Curtain Call ! est son premier texte. Le spectacle mêle Anna Karénine et autofiction dans un duo avec un musicien. 

Comment est né ce projet de Curtain Call ! ?

Judith Rosmair : Je voulais travailler sur l’insomnie et je l’ai testée sur moi ! J’ai passé des nuits à lire des romans dont les personnages étaient en proie à l’insomnie. C’est le cas d’Anna Karénine quand elle se libère de son ancienne vie pour vivre sa passion. J’ai été séduite par la proximité d’Anna avec la folie, le rêve et tout ce qui se cache derrière la réalité. Tolstoï est l’un des premiers à écrire dans cette forme d’irréalité du stream of consciousness. J’ai donc décidé d’interpréter une actrice sur le point de jouer le rôle d’Anna Karénine.

Une actrice qui en même temps découvre le journal intime de sa mère…

J.R. : Oui, c’est la part d’autofiction de ce spectacle. Ma mère est morte tôt et ma passion pour le théâtre a beaucoup à voir avec elle. D’une certaine manière, par le théâtre, j’essaye de la retrouver. Dans l’histoire, la comédienne que j’incarne raconte son enfance, quand sa mère lui lit le livre de Tolstoï. Jusqu’à ce qu’un jour sa mère disparaisse. L’enfant croit que c’est parce qu’elle s’est enfuie avec Vronski, l’amant d’Anna. Mais la découverte du journal intime va lui révéler une autre vérité. Pour moi, les mondes de la littérature, de la scène et du réel communiquent ensemble.

« Ce travail – et c’est aussi pour cela qu’il parle d’Anna Karénine – a constitué pour moi une forme d’émancipation. »

Curtain Call ! est votre premier texte, parle-t-il aussi de la vie d’actrice ?

J.R. : Je suis actrice avant tout, et mon art c’est la scène. J’ai besoin de la scène pour m’exprimer, du mélange entre les mots, le corps, les gestes, du contact spirituel avec le public. Je ne suis pas une écrivaine qui invente des histoires mais ce travail – et c’est aussi pour cela qu’il parle d’Anna Karénine – a constitué pour moi une forme d’émancipation. Le personnage y parle de ce qu’elle déteste dans le théâtre, par exemple  la soumission demandée aux comédiens, spécialement aux femmes, qui doivent être tout le temps gentilles et agréables. C’est pour cette raison que dans le spectacle je me transforme en Othella, quand me reviennent les souvenirs de l’école de théâtre et de ma jalousie. Il faut dire que j’aime bien aussi faire des blagues.

Pourquoi êtes-vous accompagnée sur scène d’un musicien ?

J.R. : Uwe Dierksen a créé la musique en même temps qu’on travaillait la mise en scène. On devait être tout le temps sur scène ensemble, lui  intervenant comme musicien qui crée des mondes, notamment le monde fantastique de l’enfant, qui m’accompagne également dans deux chansons et un extrait du Zarathoustra de Richard Strauss. Mais il est malade et c’est Johannes Lauer qui m’accompagnera sur sa composition, au trombone, à l’euphonium et au piano.

Propos recueillis et traduits de l’anglais par Eric Demey

 

A propos de l'événement

Curtain Call !
du mardi 9 janvier 2024 au dimanche 21 janvier 2024
Théâtre de la Colline
15 rue Malte Brun, 75020 Paris

du mercredi au samedi à 20h, le mardi à 19h, le dimanche à 16h. Tel : 01 44 62 52 52

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